Daniel est âgé de 30 ans. Je le reçois en consultation car il souhaite en finir avec son double problème qui le condamne aujourd'hui à une vie maussade et sans rêve : la cocaïne et l'alcool. Marié, il a deux enfants en bas âge. Il a tenté de poursuivre des études, sans succès. Il est depuis dix ans consultant commercial dans le secteur de la téléphonie mobile. En consultation, Daniel évoque ses souvenirs d'enfance. Une grand-mère maternelle dépressive, un grand-père ayant de gros problèmes d'alcool. Une de ses phrases favorites : « Le secret de ma bouteille, c'est qu'elle ne me trompera jamais, je peux compter sur elle… »
Première ivresse à 7 ans
Sans antécédent particulier, issu d'une famille bien rangée et relativement aisée, il me dit avoir fait une dépression, à l'âge de 20 ans, après une rupture sentimentale. À cette époque, Daniel est suivi par un psychologue pendant plusieurs semaines. Il a connu l'alcool très tôt. A 7 ans, lors d'une fête de famille, son cousin et lui chapardent une bouteille de vin rouge qu'ils terminent tranquillement dans leur chambre. C'est sa première ivresse « accidentelle ». Daniel m'avoue qu'à partir de 14 ans il consommait irrégulièrement de l'alcool et que, à chaque fois qu'il en avait la possibilité, il finissait ivre. Au début festive et mondaine, sa consommation d'alcool devient progressivement solitaire. Depuis maintenant deux ans, il la cache à son entourage familial. Depuis six mois, son abus d'alcool a des répercussions très négatives sur sa vie conjugale et professionnelle : disputes régulières avec sa femme, implication minimale dans sa fonction de père, factures impayées, redressement fiscal, retards et absences répétés au travail.