Alexej Čepička
Ce bougre là était le gendre du président "Klement Gottwald" (fumier), et à ce titre, lèche-cul et âme damnée de la précédemment citée ordure stalinienne. Alexej était plutôt un opportuniste, mais d'aucuns le considéraient comme un membre actif et totalement dévoué à la cause totalitariste imposée à coup de faucille et de marteau par la brochette post quarante-huitarde de salauds rouges. Alexej ne s'est réellement maintenu au sommet du pouvoir qu'un petit quinquennat, jusqu'à ce que ses trouillards petits camarades con-munistes lui attribuent tous les crimes abjects du stalinisme tchécoslovaque (et il y en a eu velu), en représailles de la terreur pisse-au-futal qu'il avait provoqué en eux sous la dictature de son beau-père (fumier). Ministre de la justice, on lui doit bon nombre de lois et décrets dont eut à souffrir la population durant de nombreuses années. Il est l'initiateur des actes de persécution à l'encontre de l'église catholique et de ses adeptes, ainsi que de la militarisation des industries et de l'économie de la République. Le fait qu'il entretenait d'étroites relations personnelles avec le petit père des peuples en personne (c'est important pour la suite, z'allez voir), éveillait chez ses camarades du parti un respect emprunt d'épouvante qu'ils lui feront payer par la suite, les mesquins. Staline avait tellement confiance en lui, qu'il confia même à Alexej un projet d'étude d'invasion de l'Europe libre (de l'Ouest) qu'il supervisa (le projet) personnellement (pour en savoir plus, lisez Karel Kaplan, "Dans les Archives du comité central: Trente ans de secrets du bloc soviétique", Paris: Albin Michel, 1978, pp. 165-66; ISBN 22-26-0071-13). Mais heureusement, en 1953 la providence fut gratifiée d'infinie sagesse, et rappela d'un coup Joseph comme "Klement" à la poussière originelle (enfin pas tout de suite non plus, parce que leurs charognes auront le temps de pourrir embaumées pendant quelques années). Déchu de ses fonctions en 1956 (après le fameux XX ème congrès du Parti con-muniste de l'Union soviétique, février 1956, où ce farceur de Nikita Sergeïevitch Khrouchtchev coup-de-pied-au-culta en touche le stalinisme définitivement), il attrapa une crise cardiaque en 1959, et fut même exclu du parti con-muniste en 1963. Il vivotera encore plusieurs années dans une retraite chiche mais tranquille, loin de la politique, pour finalement s'éteindre dans un quasi anonymat en septembre 1990.
Les origines
Et donc l'idée de cette stupéfiante construction naquit en 1950 dans l'esprit con-muniste du ministre con-muniste de la justice con-muniste (1948 - 1950), puis de la défense con-muniste (1950 - 1956) d'à l'époque (con-muniste), "Alexej Čepička" (et voilà, pour ceux qui se demandaient où était le lien). En fait l'idée de départ n'était aucunement un hôtel, mais un baraquement luxueux pour les officiers de l'armée populaire tchécoslovaque (et accessoirement soviétique). Cependant ce dessein fut abandonné dès 1952 (on ne sait pourquoi), alors que la popularité du lascar "Alexej Čepička" flétrissait gravement. La construction eut lieu entre 1952 et 1954 (1955 selon certaines sources), et notre fichtre de bougre stalinien espérait bien que le Joseph se présenterait en personne à l'inauguration. Ben non, il n'en fut rien et pour cause, Staline décéda (en 1953) avant la remise de clés (bien fait!). On doit la réalisation de cette construction à l'architecte "František Jeřábek", auquel je suis incapable d'attribuer une seule autre oeuvre, ne serait-ce qu'un porte-manteau ou un tuyau de poêle. Le style est un savant mélange post art-nouveau de fonctionnalisme, d'industrialisme, de cubisme et de réalisme socialiste (appelé parfois "SoRela", chais pas pourquoi, ou "SocReal", qui semble plus évident) que certains comparent aux gratte-ciel américains des années 20 - 30 du siècle dernier. Hum... américain je ne sais pas, mais stalinien pour sûr. D'ailleurs je vous ai trouvé une jolie photo du sujet originel ayant inspiré ce bâtiment: l'université d'Etat de Moscou Lomonosov, splendide bâtiment construit par "Lev Vladimirovich Rudnev" entre 1949 et 1953. Personnellement je trouve ça vraiment splendide, monumental et fantastique (abstraction faite du contexte politique, bien sûr).
Pour l'époque, il s'agissait d'une construction unique de par son envergure. Elle se compose d'une tour centrale de 67m, 16 étages, et de 2 bâtiments adjacents. Le vase (ou calice) qui se trouve au sommet de la tour pèse 15 tonnes, mesure 10 m de haut et présente un diamètre de quelques 4 m. En dehors des pigeons, au sommet du calice se trouve une étoile (rouge à l'époque) de 1,5 m d'envergure et d'un poids de 250 kg. Après la reconstruction de 1996, l'étoile a été repeinte en vert et tournée vers le château de Prague (ah bon, et pourquoi pas vers la Mecque?). La construction a nécessité 3 millions de briques, 6500m² de verre pour 1200 fenêtres et quelques 250 chambres. C'était en Tchécoslovaquie, le premier édifice avec chauffage au sol et ascenseurs rapides. Tiens, parenthèse, si je vous dis pater noster, en dehors de "... qui es in caelis, sanctificetur nomen tuum, adveniat regnum tuum...", donc pater noster dans le contexte des ascenseurs, ça vous dit quelque chose? Non? Alors il s'agit d'un ascenseur lent, très lent, dont les cabines montent d'un côté et descendent de l'autre en continue, sans s'arrêter, et l'utilisateur doit monter dedans en marche, même s'il est vieux et stropié (l'utilisateur), sinon il n'a strictement aucune chance de faire aboutir la démarche administrative pour laquelle il s'est rendu dans l'édifice qui dispose d'un tel ascenseur. C'est trop dingue comme système. Ah oui, et on appelle ça un pater noster parce que les cabines reliées entres-elles rappellent les billes d'un gros
Ce qui rend encore cette construction unique, ce sont les décorations extérieures comme intérieures, toutes plus fabuleuses les unes que les autres. Alors signalons quelques artistes, mais pas tous, parce qu'il y en a à foison. Au dedans de l'hôtel, se trouve une superbe mosaïque de "Max Švabinský". Celui-ci est un incontournable, mais vous y trouverez aussi du "Willi Nowak" (1886 - 1977), du "Alois Fišárek" (1906 - 1980) et du "Cyril Bouda" (1901 - 1984) pour les tapisseries. Tiens, anecdote. Vous vous souvenez de la fameuse statue de Staline sur la colline de "Letná" (file d'attente à la boucherie), et bien le "Cyril Bouda" avait créé une tapisserie où l'on pouvait apercevoir ce monument, et cette tapisserie se trouve toujours dans le lobby de l'hôtel. Le fronton d'entrée principale présente 3 bas-reliefs caractéristiques de l'époque. Celui de droite est le symbole de la solidarité internationale entre les travailleurs, celui du centre représente la libération du pays par l'armée soviétique, et celui de gauche, l'amitié entre nos nations (lesquelles?) dans le travail. Bon, honnêtement, faut être diplômé marxiste-léniniste pour sentir la différence de thème entre le premier et le dernier bas-relief. Les hauts des bâtiments latéraux sont décorés de splendides fresques représentant l'hospitalité slave (bière, bouffe et gros nichons), tandis que la fresque du haut de la tour centrale représente des événements révolutionnaires dans l'histoire de l'humanité. Et même en regardant bien sur le haut de la tour centrale, vous y verrez de ci, de là, des étoiles con-munistes, parce que bien entendu, quand on se parle de révolution dans le contexte 1950, il ne s'agit pas de révolution culturelle, ni industrielle, mais politique, de la prise du pouvoir prolétaire sur la bourgeoisie capitalistico-impérialiste à la solde des Etats-Unis. Remarquez bien que tout pouvait se ramener à une lutte des classes (prolétariat contre bourgeoisie), et c'est justement pour cela qu'il y avait matière pour peindre tout un mur et de tous les côtés.
Dans les années 1996-1997 l'hôtel passa par une étape de complète restauration. L'on supprima les traces absurdes laissées par les pseudo-restaurations du totalitarisme (hors style, bon marché, bien socialiste et parce qu'y a rien d'autre comme les portes en formica), l'on remonta le mobilier et l'équipement d'origine descendus à la cave, afin de rendre à l'édifice son apparence d'antan. Et ce n'était pas de la tarte aux cornichons selon l'entrepreneur responsable des travaux, parce que le summum du gratin de l'artisanat traditionnel de la première république (l'entre 2 guerres) avait sué son prodigieux talent sur les divers éléments de cette oeuvre splendide, et aujourd'hui plus personne ne travaille selon ces techniques, ni avec les matériaux d'époque. L'on restaura donc les 18 salles de réunion, les bas-reliefs, les frises aux plafonds, la marqueterie en bois précieux, les dalles de marbres (différentes couleurs), le tout en style réalisme socialiste, jusqu'à l'abri antiatomique transformé en arrière salle de vestiaire pour le personnel de l'hôtel. Tiens, encore une anecdote. Vous vous souvenez que l'édifice devait au départ servir de caserne cossue aux officiers de haut rang. Aussi cet abri farfelu avait été construit dans le cadre des mesures de sécurité préventive pendant la guerre froide, et pouvait accueillir jusqu'à 600 personnes pendant 2 semaines. Evidemment, 2 semaines ça fait sourire, parce qu'à l'époque on ignorait sans doute que la radioactivité avait longue vie, et qu'un pet de mouche provenant de l'atoll de Moruroa (et non Mururoa) pouvait encore transformer un lombric en Godzilla longtemps après que cette dernière ait été fossilisée (la mouche). Pis l'on retrouva également des tableaux. D'ailleurs on en retrouva tellement qu'on se demanda s'ils ne s'étaient pas joyeusement reproduits dans la cave, et l'on dut en remiser nombre en réserve. Malheureusement tout ne fut pas retrouvé non plus. Parmi les objets à jamais perdus, se trouvent les longues poignées de portes en laiton brut représentant un pivert, et qui ornaient toute les portes d'entrées principales. Pis aussi, mais on le regrettera moins, le fameux papier Q de 100 feuilles 10x10cm pliées en deux avec une face glacée (pour bien étaler), et une non (pour bien irriter), dont je n'ai jamais compris la raison d'être (des 2 surfaces).
Et on ne peut pas passer sous silence les divers (sur)noms qui furent attribués à ce chef-d'oeuvre. Au départ c'était "Družba" (à l'époque du foyer pour bidasse étoilé), puis à partir de 1957 "Hotel Čedok", puis "Internacionál" (c'est la chuteuuu finaleuuu...), puis "Holiday Inn", et enfin "Crowne Plaza". Mais c'étaient les officiels ceux-là, de noms. Officieusement, la population facétieuse appelait la bâtisse "Lomonosova univerzita" (l'université Lomonosov, pour l'apparence semidentique), "Čepičkův barák" (la baraque de "Čepička", du nom de son initiateur), ou encore "Sen šíleného cukráře" (rêve d'un pâtissier dément, et là ne me demandez pas pourquoi, mais c'est insolite).
Selon les plans d'origines, un édifice identique devait se trouver en vis à vis, de l'autre côté de cette triste place généralement déserte, à la limite (pour ainsi dire) de la frontière nord de Prague, où même les trams font demi-tour en arrivant là (véridique). Mais les camarades con-munistes en décidèrent autrement, sans doute pour irriter Alexej au sommet de son déclin. Du coup, ben c'est le seul vrai monument stalinien qui subsiste dans la ville de Prague, et curieusement, beaucoup de touristes y descendent à cause de cette caractéristique. Ceci dit, ce n'est pas le moins cher, mais compte tenu de la catégorie (4 étoiles De Luxe), c'est raisonnable en comparaison de Londres ou Paris par exemple, où au même prix vous n'auriez qu'un Ibis. Comme dit, le seul vrai inconvénient, c'est qu'il est particulièrement excentré (aux frontières nord de la ville). Donc voilà, rien de vraiment plus, sinon qu'il est fabuleux, qu'il faut le voir, et que je me suis déplacé sans regrets plusieurs fois exprès, juste pour vous en faire les photos que vous voyez là.