Aussi peu inspirée que celle de son prédecesseur, la mise en scène de Niels Arden Oplev se contente de filmer ses séquences comme un téléfilm.
Etant donné que la trilogie était destinée avant toute chose à être diffusée à la télévision (6 épisodes de 90 minutes), avant d'être condensée pour une exploitation en salles, il est finalement logique que l'on retrouve une mise en scène télévisuelle.
Il ne faudra donc pas chercher l'intérêt de la trilogie Millenium dans ses qualités formelles, mais bien dans la caractérisation de son personnage emblématique, Lisbeth Salander.
Car à la vision de ce deuxième opus, il devient évident que le sujet principal de la trilogie, c'est elle.
Incarnée par une Noomi Rapace plus séduisante, troublante et attachante que jamais, Lisbeth Salander constitue un personnage que l'on a constamment envie de prendre dans ses bras, de protéger, de réconforter.
La malédiction qui pèse sur cette jeune femme semble sans fin: père qui battait et violait sa mère, tentative de meurtre à l'âge de 12 ans, internement, agressions, viol, et j'en passe, les traumas qui pèsent sur Lisbeth sont aussi énormes que la jeune fille est chétive. Cet acharnement du destin est à l'origine de l'empathie que l'on éprouve pour elle, alors que son personnage est fort et déterminé. On est donc très loin d'une démarche tendant à attendrir le spectateur en lui présentant un être faible chahuté par la vie.
Par ailleurs, le film poursuit sa peinture d'êtres en marge. Lisbeth Salander bien sûr, mais aussi Michael Blomkvist qui oeuvre en sous-marin, la petite amie de Lisbeth qui a du mal à joindre les deux bouts, ou le bad guy de l'histoire, géant blond insensible à la douleur et totalement isolé (mentalement et physiquement) du reste du monde. La saga Millenium s'emploie donc pleinement à s'attacher avant tout à des marginaux qui se débattent avec leurs vies du mieux qu'ils le peuvent.
Cependant, Millenium 2 pêche par une trop grande quantité de dialogues et autres explications. Support télévisuel aidant, le verbiage est ici légion, et finit par atteindre un trop plein qui noie doucement le film. Par ailleurs, le métrage souffre de quelques incohérences (la scène post-enterrement) et facilités scénaristiques (l'épisode de la boîte postale), qui attirent forcément l'attention. Cependant, suspension d'incrédulité aidant, le suspense mis en place emporte la mise.
L'on notera enfin une scène agréablement sanglante en fin de métrage, à coups de hache dans les jambes et dans la tête, ainsi qu'une séquence d'électrocution sur testicules plutôt douloureuse à regarder pour la gent masculine. Mais une fois encore, la principale raison d'être de Millenium, et son intérêt majeur, tiennent en deux mots: Lisbeth Salander. Ce personnage restera pour moi l'un des plus attachants que j'ai vus depuis longtemps au cinéma.
Millenium 2 se situe au final à un niveau de qualité moindre que son prédecesseur (trop de dialogues, mise en scène au rabais, incohérences),mais demeure un divertissement plus qu'honnête et une peinture de caracères extrêmement touchante.