Rayez la mention (in)utile.

10 Dayton, Ohio – 1903 / Randy Newman by heq

J’ai ressorti la grosse valise bleue, non sans joie. J’ai mis plein de trucs dedans. Plein de disques que j’écouterai sûrement pas mais qui feront joli sur les murs du nouvel appart’ – et plein de bouquins que j’ai sûrement déjà lus mais qui feront joli dans la bibliothèque que j’ai pas la place de mettre.

J’ai essayé de ne rien oublier, ce qui relève plutôt de la prouesse en ce qui me concerne. Toi je sais pas, mais je fais partie de ces gens qui s’appliquent régulièrement à semer des brosses à dents, des chargeurs de téléphones et des ordinateurs portables. En dehors de ma valise, toujours. (J’ai une affection particulière pour les dessous de lit)(et les salles de bain)(et les cuisines). D’ailleurs, j’imagine déjà avec plaisir le coup de fil parental horrifié de dans deux jours, statuant d’un oubli critique de type « Les caleçons à côté de l’armoire ici, t’espères les faire pousser, ou… ? »

Quand j’étais petit, on m’a souvent demandé de me mettre du plomb dans le crâne. J’ai jamais compris comment on faisait, alors je pense que j’ai un peu occulté le truc malgré moi.

Je sais pas trop ce qui m’attend d’ici lundi, à part peut-être que je vais monter des meubles (comprendre ici : faire de l’art contemporain avec du bois qui ne sera jamais un meuble-télé, en déchiffrant tant bien que mal la notice , qui comme chacun le sait, est écrite en morse), essayer d’apprendre par coeur le numéro du digicode (l’enregistrer en mémo-vocal)(l’écrire sur une forêt domaniale de post-its)(et le donner à deux ou trois personnes de confiance que je pourrais appeler à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, cherchant impérativement à éviter le désormais très connu syndrome-de-la-décuve-sur-paillasson-obligatoire), ET essayer de trouver un voisin qui accepterait que je pompe scandaleusement son Internet mondial moyennant rémunération.

Mais tout ça, ça voudrait dire que j’aurais survécu aux huit heures de Corail qui relient ici à là-bas (non, je ne fais pas mes études dans le fin fond de la Meuse, qui comme chacun le sait, n’est desservie que par calèches et chars-à-boeufs). Je ne me lancerai pas dans le descriptif de ce poncif bloguistique qu’est devenu le trajet en train, mais il te faut néanmoins savoir que cette ligne SNCF est la championne de France des retards accumulés. Et que contrairement à ce qu’on pourrait penser, ça me met un peu en joie parce que grâce à elle, j’ai presque pas payé le train pendant un an rapport aux remboursements.

Bref, on est jeudi. Je repars dans douze heures faire le grand plongeon. Je flippe pas mal. Mais t’as vu, je camoufle bien, hein ?