Eric Woerth propose de rencontrer à nouveau les syndicats pour parler des modifications à apporter à la réforme des retraites. Mais aucune avancée ne devrait avoir lieu d'ici à la journée de manifestation du 7 septembre. Le gouvernement envisage des concessions concernant la pénibilité, mais il se garde de les dévoiler avant cette échéance.
Le gouvernement ne dévoilera pas ses batteries avant de mesurer l'ampleur de la mobilisation des syndicats contre la réforme des retraites, le 7 septembre. Avant la trêve estivale, Eric Woerth avait promis une reprise de la concertation avec les partenaires sociaux avant le débat à l'Assemblée qui démarre le même jour. L'essentiel du texte ne bougera pas, avait-il prévenu - l'âge du départ à la retraite sera porté de 60 à 62 ans -mais trois sujets restent sur la table : les carrières longues, les polypensionnés (assurés pénalisés parce qu'ils ont cotisé à plusieurs régimes) et le sujet très polémique de la pénibilité. En réalité, aucune entrevue décisive n'aura lieu d'ici là.
Le ministre du Travail a bien adressé une invitation aux leaders syndicaux, hier, mais elle est de pure forme. « Mon équipe et moi-même sommes évidemment à votre entière disposition pour vous rencontrer » , écrit-il. Mais il souligne que de « nombreuses rencontres » ont déjà eu lieu et que le gouvernement « disposait ainsi de tous les éléments nécessaires à la préparation d'amendements ».
Effets différés de la pénibilité
« En clair, cela signifie que la phase de concertation est terminée, analyse un responsable syndical. On est entrés maintenant dans une partie de bras de fer ». Si le gouvernement a intérêt à garder ses cartouches pour l'après-7 septembre, les syndicats, eux, ne veulent pas donner l'impression qu'ils négocient avec l'exécutif alors qu'ils cherchent à mobiliser le plus de manifestants possible. « Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle rencontre, reconnaît Bernard Devy (FO). On attend le débat parlementaire ». « Le gouvernement ne dira rien avant le 7 septembre » , prédit Jean-Louis Malys (CFDT). « Le ministre connaît nos positions, estime Eric Aubin (CGT). Mais nous, nous ne savons pas quelles modifications il compte apporter au texte, notamment sur la pénibilité ».
Sur ce point, le gouvernement est resté flou. Dans sa forme actuelle, le projet de loi prévoit une retraite anticipée uniquement pour les personnes qui souffrent d'un taux d'incapacité d'au moins 20 % à la suite d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle (lire ci-contre). Soit seulement 10.000 personnes par an, sur un flux de départ annuel de 660.000 assurés. Rien n'est prévu pour les facteurs de pénibilité comme le travail de nuit ou l'exposition aux produits toxiques, dont les effets sur la santé ne sont quasiment jamais visibles avant l'âge de la retraite. Ce que les syndicats ne manquent pas de fustiger.
Le gouvernement met donc au point des mesures pour traiter ces effets différés de la pénibilité, qu'il devrait dévoiler au lendemain du 7 septembre. Il se montre pour l'instant très réticent à faire des concessions, soulignant que le sujet est « très compliqué » , que les études scientifiques « sont rares » , et qu'il ne sera pas aisé de reconstituer les carrières des personnes concernées. Il redoute aussi que le dispositif de prise en compte de la pénibilité ne se transforme en « système généralisé de préretraites » alors qu'on essaie justement d'améliorer le taux d'emploi des seniors.