Je n'aurai malheureusement pas le temps de finir ce fort divertissant livre de Bernard FRANK. Paru au début des années 80 du siècle dernier, il vient de faire l'objet d'une réédition. J'en lis quelques pages tous les jours depuis une petite semaine, ce qui n'est pas toujours aisé, car il a le paragraphe assez long, mais, quel style.
Hier, pour bien profiter de la belle journée, je me suis rendu au parc Lafontaine où, le sol étant encore trop humide des averses récentes, je me suis installé sur un banc près de l'étang du bas. J'aime bien lire au parc, mais il m'arrive d'être distrait par l'animation qui y règne, et j'ai bientôt vécu un petit moment proustien à contempler la belle jeunesse qui se prélassait sur l'herbe.
Ciel ! quel nombreux essaim d'innocentes beautés
S'offre à mes yeux en foule et sort de tous côtés !Cette citation de la pièce Esther de Racine est tirée de Sodome et Gomorrhe (page 64 du tome III de l'édition courante de la Pléiade), vous pourrez bien deviner de quoi il en retourne. Hier, mon attention fut définitivement mise en déroute par la voix de clarinette d'une jeune dame qui, sans même sans apercevoir, entretenait le parc tout entier de ses déboires amoureux. Fin de la digression. Digressions, par ailleurs, qui abondent chez FRANK, le lecteur devant donc être assez attentif.
Je le recommande vivement, ce livre, même si je dois vous mettre en garde su un point : un de ces textes pourra rebuter ceux qui ne sont pas familiers avec la politique française de la Cinquième République et les diverses personnalités politiques qui y ont tenu les devants de la scène. On pourrait aussi le trouver un peu daté; pour moi, je l'ai lu un peu comme on lit les mémoire de SAINT-SIMON ou du cardinal de RETZ. Le texte Tant que j'y pense, commentaire savoureux sur le Tableau de la littérature française du XIXe siècle et des recueils LAGARDE et MICHARD, traite, certes, du XIXe siècle, mais visite aussi les grands auteurs du siècle dernier, le monde de l'édition, l'auteur y égratignant volontiers ses quelques têtes de turc, donc l'ancien Secrétaire perpétuel de l'Académie française et ci-devant ministre de la Culture sous POMPIDOU, dont il nous dit pis que pendre, avec tant d'esprit -- amateurs de l'auteur des Rois maudits, vous êtes prévenus. L'auteur exprime quels repentirs pour les propos tenus sur BEAUVOIR et CAMUS, mais surtout nous parle de littérature comme pas un. J'aimerais vous donner quelques citations pour vous donner une idée du style, mais je ne sais par où commencer.
J'attaque aujourd'hui la troisième partie, mais doute de pouvoir terminer, d'autant plus que j'éprouve un bon nombre de contrariétés informatiques, distraction dont on se passerait volontiers.
La suite dans quelques semaines, sans doute. En attendant, jetez un coup d'oeil à la biographie de Bernard FRANK