Miraculeusement sauvée de l’annulation par la Fox malgré des audiences catastrophiques, la nouvelle série de Joss Wheddon s’est vu donnée une seconde chance de conquérir son public. Cela n’aura malheureusement pas marché, mais cette deuxième fournée d’épisodes aura au moins permis à Whedon et à son équipe de donner une conclusion digne de ce nom (même si forcément pas totalement satisfaisante) à la série.
Si la saison 1 mettait un peu de temps à démarrer (certainement l’une des raisons du manque de succès de la série) avant de passer la seconde, la saison 2 ne fait pas la même erreur, et démarre sur les chapeaux de roues, pour ne plus s’arrêter jusqu’à la fin. On sent clairement la volonté des scénaristes de boucler à peu près toutes les intrigues de la série dans les 12 petits épisodes de cette saison, ce qui fait que les rebondissements et révélations s’enchainent sans temps morts. Conformément à ce qui était annoncé dans le final de la saison 1, l’intrigue prend beaucoup plus d’ampleur et décrit les événements menant à l’apocalypse entrevue dans l’épisode Epitaph One. On en apprend plus sur l’entreprise Rossum (qui gère les dollhouse) et sur son plan. Mais ce qui impressionne le plus, c’est la maitrise avec laquelle les scénaristes développent cette intrigue complexe à une vitesse effrénée, sans jamais perdre le spectateur. Les complots, personnages secondaires, retournements de situation et révélations se multiplient, mais le tout est d’une cohérence rare, et le final de la série répondra à quasiment toutes les questions laissées en suspend.
Whedon se paie même le luxe malgré le peu de temps qu’il possède, de continuer à développer ses personnages. Echo est bien entendu au cœur de l’intrigue (encore plus que ne le laissait présager la saison 1) et se transforme en un personnage passionnant, notamment grâce à l’interprétation sans faille d’Eliza Dushku, qui offre une belle palette d’émotions. Echo rejoint ici le panthéon des héroïnes whedonesques, fortes et combattives, mais ne reniant jamais leur féminité (voir le déchirant épisode Instinct, dans lequel Echo doit incarner une jeune mère et tente de protéger sa progéniture à tout prix). Mais les autres personnages ont aussi leur moment de gloire, que ce soit Sierra et Victor, qui se voient offrir une magnifique love story, Topher qui commence à prendre la mesure des conséquences de ses recherches, ou Adele de Witt, plus troublante et féline que jamais. Seul l’agent Ballard a un peu du mal à exister dans cette saison, malgré l’implication de son interprète, Tahmoh Penikett (Battlestar Galactica).
Bien sûr, tout n’est pas parfait dans cette saison, et le raccourcissement significatif du nombre d’épisodes (la série devait durer à l’origine cinq saisons) se fait parfois cruellement sentir. La plupart des nouveaux personnages sont par exemple sacrifiés pour pouvoir faire progresser l’intrigue. Dommage, car Joss Whedon avait ramené de nombreux membres de sa « famille ». Outre Alan Tudyk qui fait son retour dans le rôle d’Alpha, on retrouve Alexis Denisof (le Wesley de Buffy et Angel), Summer Glau (Firefly), et même Jamie Bamber, venu rejoindre son ancien compère de Battlestar Galactica le temps d’un épisode. Mais l’arc scénaristique souffrant le plus du rythme haletant de la saison est peut-être l’histoire d’amour entre Echo et Ballard, qui débarque un peu comme un cheveu sur la soupe. Du coup, l’implication émotionnelle n’est pas vraiment là, et cette relation manque de crédibilité. Fort heureusement, le final de la série donnera tout de même une magnifique conclusion à cette histoire, dans une dernière scène extrêmement émotionnelle, comme Joss Whedon sait si bien les écrire.
Au final, si cette seconde saison se retrouve forcément handicapée par le besoin de boucler l’histoire en un temps (très) limité, force est de constater que Joss Whedon et son équipe s’en sont plutôt bien sortis. On regrettera bien entendu l’annulation d’une série avec des thèmes aussi intéressants, ainsi de ne pas en apprendre plus sur l’apocalypse, ou de ne pas voir les personnages secondaires plus développés, mais Whedon ne se moque pas de ses fans et offre à chaque personnage une fin digne de ce nom, ainsi qu’une conclusion satisfaisante au show. Et c’est déjà beaucoup.
Note : 8/10