éd. Actes Sud, coll. Babelj, 154 p.,
A partir de 6,17 € sur Amazon.fr
Le roman d'Henri Frédéric Blanc suit l'itinéraire en marge de quatre apprentis mécanos qui au terme de leur ultime bévue au lycée professionnel décide de s'élancer à la poursuite de la grande vie, celle qui rime avec l'ivresse de la liberté. Car il n'y a désormais plus de limite pour ces incontrôlables qui crachent, cassent et pissent sur une société qui les a gentiment prié de se plier et de se polir." On avait atteint le point de non-retour, on était en guerre contre l'empire terrestre tout entier, avec ses légions d'automates blafards et de décervelés hideux." Pour ces quatre là c'est rejet contre rejet, et ils iront partout crier leur mal d'être, déambulant dans les ruelles d'Aix en Provence comme des fous échappés de leur cage scolaire.
Ils cherchent le plaisir et les filles avant que la police et l'ordre ne les cherchent à leur tour... L'objet de leur quête est dans ce jeu de massacre : vivre chaque seconde des instants d'anarchie et d'éternité qu'ils iront cueillir en exil dans la montagne avec ce vieux qui parlent comme eux des étoiles libres dans la nuit, "la profondeur de ces espaces infinis me rassurait". Le style de Blanc a la puissance des accords de l'accent marseillais, des mots incompris que l'on traduit à la fin pour dire que l'on a son propre lexique. Il est vrai que dans la bouche de ces ados en fuite, ce style épique et lyrique est parfois dissonant, mais l'on se dit après tout que ces personnages ne sont que des ambassadeurs imaginaires d'une profonde littérature initiatique.