Je garais la traction avant devant l'immeuble de l'avenue Mac mahon. Ce fut rapide, à cette époque il y avait encore peu de voiture. On était en 1947.
Je m'engouffrais en vitesse dans l'immeuble, j'étais en retard. Mon patron m'avait demandé d'emmener cette femme à la gare saint Lazare. Elle devait aller passer le week end avec lui à Deauville. Pourquoi pas, Cabourg faisait plus romantique, mais le bord de mer est un endroit idéal pour emmener une femme qu'on aime. Je montais les 2 étages et soulevait le marteau 2 fois. C'était le code. Elle apparut déjà prête. Dans le couloir c'était une sorte d'icone de la mode de cette période, encadrée par 2 sac semi-rond tout en cuir. Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, Les Français cherchent désespérément à s’amuser et la mode des années 40 s’adapte à la vie mondaine retrouvée. Les femmes renouent avec la féminité. Elles portent de grandes robes sous des capes, leurs épaules sont souvent nues et l’on entrevoit leur poitrine grâce au décolleté en U.
Celle qui me faisait face, portait une grande robe échancrée en velours satiné de couleur pourpre.Elle portait une veste courte sérrée à la taille, en toile épaisse qui lui faisait des larges épaules. Sa taille était soulignée par une large ceinture. Sa gorge était protégée par une étole de couleur vieux rose. Sa chevelure brune à boucle douce, qui tombait à mi-hauteur, était protégée par un chapeau, sur lequel une fleur en tissu avait poussé. Une rose aussi sans doute.... je me saisi des sacs en cuir, avec un léger sourire à son attention. Elle me dit simplement "allons y ". Elle ferma la porte de son appartement, tandis que j'étais déjà dans l'escalier pour mettre les sacs dans la voiture. J'entendis sa démarche vive dans l'escalier descendant les marches aussi rapidement que lui permettait ses chaussures à talon.
Elle apparut sur le pas de l'immeuble. Je tenais la porte de la voiture ouverte. Elle s'engouffra dans le véhicule en tenant sa robe, dont l'échancrure s'élargit légèrement lorqu'elle se baissa. Mon patron aimait les femmes menues, fines et brunes. Je tenais la main à l'horizontale afin que le chapeau ne tomba point. Elle me remercia avec une pointe dans la voix, un accent italien, piquant et chantant..
En se glissant, elle partagea avec moi quelques secondes, les senteurs orientales de fruits et de fleurs de son parfum. Très sensuelle, elle portait Visa de Robert Piguet.
Mystérieux et puissant, ce gourmand oriental est un mélange captivant de pêche blanche, de poire, de bergamote, d' ylang-ylang, de rose et de fleur d'oranger mélangés avec du patchouli riche, du santal, du vétiver, des gousses de vanille et du cuir. Éclatant et sensuel, Visa de Robert Piguet est le parfum de celles qui recherchent l'exceptionnel. Après Bandit, Fracas et Baghari, les parfums Piguet continuent de rééditer leurs succès disparus. Visa, un parfum au nom de voyage au sillage oriental, alliance de bois, de vanille, de fleurs et de fruits des quatre coins du monde, grand classique de 1945, renaît, reformulé.
Notes olfactives :
Tête : Pêche de Vigne, Poire, Bergamote, Violette, Mandarine
Coeur : Ylang, Immortelle, Rose, Fleur d'oranger, Vetiver
Fond : Benjoin, Patchouli, Santal, Mousse, Cuir
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