Le dossier sécurité fait traditionnellement figure, sinon de tabou, du moins de piège politique pour le PS. Il suffit de se rappeler 2002. Les prises de parole de certains "leaders" socialistes font une qu'il y a une necessité d'en parler publiquement.
Les socialistes déplorent l’image d’une France «au ban des nations en matière de droits de l’Homme» et critiquée par l’Eglise pour sa politique anti-Roms, dénoncent le lien "nauséabond" établi entre immigration et délinquance, tout en soulignant l’échec de Nicolas Sarkozy sur la sécurité. Mais ils savent aussi le risque d’emboîter le pas du Président sur son thème fétiche… et ainsi de reléguer au second plan des sujets bien plus problématiques pour la majorité: son bilan social et le projet de réforme des retraites – à l’Assemblée le 7 septembre -, les suites de l’affaire Woerth-Bettencourt.
Ainsi Michel Sapin se réjouit, sur les ondes, que le PS ne soit pas "tombé dans le panneau": "Si Sarkozy a voulu – et il a réussi – occuper le devant de la scène sécuritaire, le boomerang qu’il a lancé pour nous atteindre lui est revenu dans la figure." "Ne nous laissons pas embarquer", poursuit Jean-Christophe Cambadélis, estimant que "la vraie question est sociale: retraites, chômage, salaires de la fonction publique, rentrée scolaire et vie chère".
Mais Julien Dray voit, lui, dans le silence estival de Martine Aubry le signe que la sécurité "reste l’impensé du PS": "Le danger, c’est de revivre 2001-2002 : à force de ne pas vouloir aller sur le terrain de la sécurité, le PS a fini par s’y rendre dans la pire des confusions", avertissait le député dans Le Parisien.
La droite joue sur les divergences des socialistes, en opposant "naïfs" et "réalistes. Qu’en est-il aujourd’hui alors que Ségolène Royal pointe «une ligne laxiste» au sein du parti? N’oubliant certainement pas que ses propositions lors de la campagne de 2007 n’avaient pas, loin de là, fait l’unanimité. D’autres pistes, comme la vidéosurveillance, semblent encore faire débat. Benoît Hamon récuse "une forme d’approche un peu erronée de la réalité du débat sur les questions de la sécurité au PS".
Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national chargé de la sécurité assure: "Il n’y a pas de laxisme au PS". "Il n’y a pas d’un côté, les répressifs et de l’autre, les angélistes. Tous les socialistes se sentent concernés."
Mais alors que faire, que proposer?
Selon Hamon, le parti formulera ses propositions lors d’un forum fin septembre, début octobre copiloté par Jean-Jacques Urvoas et le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen.
En attendant, d’aucuns avancent leurs pistes. Valls: politique sécuritaire de gauche qui s’attaque aux causes tout en assumant une politique répressive, révision de toute la chaîne prévention-sécurité-justice, choix budgétaires à la hauteur des besoins et police des quartiers au contact des habitants. S. Royal: le package «ordre juste» de 2007 avec nécessité de prévention, encadrement scolaire des jeunes, importance de donner des moyens à la police et la justice pour agir contre le grand banditisme. Dray suggère la création d’unités spécialisées liées géographiquement et durablement aux quartiers: La proposition forte: "Recrutons des policiers issus de ces quartiers". et surtout ce cinglant: "Le PS fait bien de constater l’échec patent de la droite au pouvoir depuis huit ans. Mais il ne peut être efficace dans la dénonciation que s’il est capable de montrer qu’une autre politique existe. Or à ce stade, le PS ne répond pas encore à ce défi."
Et enfin Claude Bartolone, promet que le sujet sera abordé lors de l’université d’été, ce week-end à La Rochelle. En affirmant que le sujet ne sera pas esquivé par Martine Aubry
Vite car il y urgence à répondre aux vraies attentes de nos concitoyens et d emettre fin au tout sécuritaire délirant du président.