Le freak c’est choc ! Of Montreal, ce nom me surprendra toujours autant. Pourquoi utiliser le patronyme d’une ville célèbre pour sa populace à l’accent ultra niais, adoratrice de la grande Céline, tabernacle. Surtout lorsque qu’on vient d’Athens. Non, je ne vous parle pas de la capitale de la Gay Pride, mais d’Athens en Géorgie, berceau de l’indie-folk américaine mais aussi de la délinquance, comme l’attestent de nombreux romans noirs. Pour cela, il faudrait remonter dans la jeunesse du délirant Kevin Barnes, qui depuis a sorti de nombreux squelettes de son placard. Sorte de mutant saugrenu et outrancier, semblant tout droit échappé du Rocky Horror Picture Show (ce qui expliquerait cela dit en passant l’apparition de Susan Sarandon lors de quelques prestations publiques du groupe), Barnes s’acharne depuis presque quinze ans à exhiber ses fantasmes et blessures de la manière la plus subtile qui soit, quoi que … Mêlant habilement folk, psychédélisme, électronica et disco-pop, la musique d’Of Montreal prend racine dans la psyché de son géniteur, ressemblant régulièrement à une partouze sensorielle aussi fascinante qu’addictive.
S’il m’arrive parfois de tromper le lecteur dans le seul but de mieux lui livrer mes sentiments par la suite, cette fois je préfère être cash. A la base, je n’étais pas un grand fan d’Of Montreal. Même le semble-t-il fabuleux et incomparable Hissing Fauna, Are You The Destroyer? m’avait laissé hermétique aux innombrables plaies révélées par Kevin Barnes. A tort certainement. Puis piégé par un Skeletal Lamping foudroyant, subjugué par les apparitions théâtrales du groupe, je succombai devant cet étalage d’humour faisant froid dans le dos, me laissant ensorceler par cette voix de castrat et ces mélodies en casse-tête, floues, hypnotiques. Et God Bless Us, pas de rupture dans la continuité… dès les premières notes d’I Feel Ya Strutta, nous retrouvons sans déplaisir les structures mélodiques qui avaient fait le charme du prédécesseur de ce False Priest augurant déjà le meilleur. Cette impression se vérifie par la suite sur Coquet Coquette, titre électrique qui pue la drogue à plein nez. Une habitude qui finit par se répéter sans lassitude, tant la luxure et le stupre prennent une place de plus en plus importante dans les compositions du déjanté en chef du combo d’Athens. Pourtant loin de lui griller la cervelle, Barnes semble se livrer encore un peu plus tout en allant plus loin dans les expérimentations en toute sorte (Enemy Gene, Casuality Of You). Cependant c’est à ces titres pop en chausse-trappes comme Like A Tourist qu’Of Montreal doit son succès. Architecture parfaite du tube dégageant une émotion sur le fil du rasoir, la new-wave en avait fait son cheval de bataille, Of Montreal en réutilise les codes dans un tout autre registre. Mais que le fan de la première heure se rassure, il ne sera pas laissé pour compte dans ce vaste puzzle. Des chansons comme Hydra Fancies ou Our Rioutous Defects sauront le satisfaire comme Famine Affair et son « I don’t love you anymore / go away » séduira aisément le petit curieux tombé sur cet étrange album à la pochette exhubérante, aussi séduisante que répulsive. S’il faut s’y résoudre, on répondra seulement qu’Of Montreal s’est fendu d’un nouveau classique… Un de plus… Du moins jusqu’au prochain.
Of Montréal seront en concert en à la Cigale le 7 octobre prochain : vous souhaitez vous y rendre. Rien de plus simple participer à notre concours en vous rendant ici !
Audio
Of Montreal – Like A Tourist
Tracklist
Of Montreal – False Priest (Polyvinyl, 2010)
01. I Feel Ya’ Strutter
02. Our Riotous Defects [ft. Janelle Monáe]
03. Coquet Coquette
04. Godly Intersex
05. Enemy Gene [ft. Janelle Monáe]
06. Hydra Fancies
07. Like A Tourist
08. Sex Karma [ft. Solange Knowles]
09. Girl Named Hello
10. Famine Affair
11. Casualty Of You
12. Around The Way
13. You Do Mutilate?