Après l'affront créé par les commentaires peu amènes de Paul Léautaud et autre comparse, Prix Nobel de Littérature..-faut pas demander- il nous faut redorer le blason de notre Marquise.
Dans son article, Sévigné à la lettre (Le Monde, 12 avril 1996) - le titre est magnifique - Philippe Sollers analyse, avec une objectivité infaillible, les sentiments de ses détracteurs et les (forcément bonnes) raisons de ses admirateurs. Est-il façon meilleure et plus musclée de célébrer le tricentenaire de la mort de la Marquise?
" Il faut beaucoup de temps pour comprendre la marquise de Sévigné. Il faut prendre ses distances: avec son époque, la nôtre, l'université, son prétendu amour pour sa fille, les anecdotes et les délires de l'Histoire, l'utilisation tordue qu'en a fait Proust, la question secondaire, mais importante, de Dieu, l'éternelle nature féminine dont elle serait un exemplaire éclatant, sa transformation moderne en pâtisseries, et j'en passe."
Et donc:
" Qu'il s'agisse des hommes, des femmes, du mariage, des grossesses, des maladies, de l'au-delà supposé, de la variabilité des sentiments, des intrigues, de la mort, du pouvoir, Sévigné est d'un goût, c'est-à-dire, d'une intelligence, implacable"
Voilà qui est (bien) dit.
La marquise est. Elle est présence.
"Qu'elle communique cette présence unique le plus souvent à sa fille est logique: il lui fallait, pour se parler à elle-même, un double sûr (pas un homme, donc, ni une amie). Elle s'adresse à son sang féminin, Sévigné, er Mme de Grignan a beau être ailleurs mariée ou mère elle-même, cela ne change rien au contrat de base, à la loi fondamentale de transmission."
"Sévigné, ou l'autorité du verbe mesuré au temps qu'il fait."
Et c'est sur cette sentence que se clôt notre feuilleton des Estivales du mercredi. Mercredi 2 septembre sera jour de rentrée et de sacrément bonnes résolutions.
Madame de Sévigné, vue par des écrivains, de Bussy-Rabutin à Philippe Sollers, textes réunis par Marie-Hélène Sabard, Préface de Roger Duchêne, Paris, Ecole des Lettres, 1996.