J’ai tâté du fast-food pour la première fois, à la fin des années soixante à Paris. A cette époque en France il n’y avait qu’une seule enseigne dans le genre, Wimpy. Créée par le fameux Jacques Borel, chantre de la restauration rapide, elle reprend les recettes de ses modèles américains qui marchent si bien aux USA, hamburgers, milk-shakes, sodas gazeux. Continuation logique des drugstores qui apportaient une touche de modernisme et d’américanité dans une France qui se préparait à sortir du Gaullisme.
Pour nous qui étions jeunes adolescents c’étaient des points de passage obligatoires le samedi soir quand nous sortions, ou bien encore des refuges bienvenus quand un concert de rock à l’Olympia se terminait trop tard pour que nous attrapions le dernier train de la gare Saint-Lazare qui nous ramènerait dans notre banlieue. Devant nos steaks hachés couchés sur un matelas d’oignons entre les tranches d’un petit pain rond, nous accompagnions les heures en re-déroulant le concert vu, la voix de plus en plus pâteuse à mesure que le temps passait et que l’aube approchait.
A côté des tables, des minis juke-boxes individuels, permettaient d’écouter de la musique après y avoir glissé une pièce dans la fente. Le Wimpy devait son nom à la bande dessinée de Popeye où son copain Gontran passe son temps à se goinfrer de hamburgers, en version originale Gontran se nomme Wimpy.Jacques Borel était aussi responsable des chaînes de restaurants d’autoroutes qui faisaient hurler les associations de consommateurs et donnaient du grain à moudre aux humoristes (voir aussi le film L’aile ou la cuisse avec De Funès et Coluche). Finalement, les Wimpy fermeront leurs portes en 1969, trop en avance sur leur temps ? Mais inutile de crier victoire, car quelques années plus tard la déferlante Burger King, Quick, MacDonald’s etc. s’implantera sur le territoire, la mondialisation était en marche.
J’ai aussi tâté du Burger King bien plus tard, car je m’y régalais d’un méga hamburger bien juteux, le Whopper si je me souviens bien, difficile à manger sans se tâcher les joues ou plus et qu’il fallait tenir à deux mains, mais là encore l’enseigne a fermé ! Les deux seules chaînes de restauration rapide que j’honorais de ma clientèle disparues, à croire que je leur portais malheur ? Depuis ce dernier coup du sort je n’ai plus jamais eu l’occasion – l’envie surtout – d’y remettre les pieds. Ceci dit, je ne pense pas rater grand-chose.