Editeur : ROUERGUE - Date de parution : 25/08/2010 - 302 pages d'humour et de bonheur...
Une petite ville de province coincée sous un ciel gris au nord de la France avec son canal et son poulailler industriel. Sur ce bout de terre qui est très loin de ressembler au paradis, Alex travaille en CCD au poulailler. Jeune femme de trente ans dont le physique se rapproche plus à celui d’un ado, elle loue une chambre chez un couple : Marlène dont la rancœur n’a d’égale que l’amertume et Bernard qui semble subir sa vie. Il y aussi Gérard le frère de Bernard. Handicapé sévère depuis sa naissance, Marlène le considère comme un boulet, un neuneu et un débile. Olivier dit le Mérou et Cédric passent leurs journées au bord du canal. Le Mérou tente d’y construire un barrage en y larguant ses cannettes de bières une fois bues. Cédric, le moral dans les chaussettes, sans emploi, quitté par ca copine, attend que les journées se passent.
Avec ce résumé, on pourrait croire à du Zola actuel mais ce serait sans compter sur l’humour et la verve de Marie-Sabine Roger !
Malgré sa carapace, Alex va commencer à s’occuper de Gérard qu’elle surnomme affectueusement Roswell. Elle lui raconte des histoires, écoute ses poèmes, rit avec lui mais surtout le considère comme une personne et non pas un monstre. Sauf que les petites attentions semées ici et là deviennent souvent des sentiments même si on veut garder ne pas s’attacher à personne. Avec un trolley bricolé, elle le promène au bord du canal. Ils vont faire la connaissance du Mérou dont le but de sa vie est son grand barrage en cannetes de bières et de Cédric qui a l’impression de s’être trompé de vie. Tous les quatre vont se vont se découvrir et commencer une nouvelle vie.
Le couple Marlène-Bernard vaut le détour ! Marlène serait prête à « perdre volontairement » Gérard mais elle se rebiffe d’indignation quand elle entend parler des animaux abandonnés. Bernard mutique n’attend rien de l’avenir. Marlène est plus bête que méchante et ressasse sa jeunesse, ses rêves avortés.
Avec ces personnages trentenaires, j’ai rigolé, j’ai souri, j’ai été ému (oui, tout ça) car ce sont la vie, l’espoir et les rêves qui l’emportent. L’apitoiement, le je-me-complais-dans-ma-galère sont bannis de ce livre. Et, ô joie, l’humour et l’ironie font mouche !
Marie-Sabine Roger nous dépeint la réalité de beaucoup de personnes qui galèrent et qui se demandent quel sera leur le lendemain. Comme dans La tête en friche, ses personnages semblent bruts de décoffrage, mais au fil des pages, les carapaces s’amenuisent, les masques tombent et nous révèlent des personnes sensibles ou attachantes, la tête remplie de rêves.
Alors, oui, j’ai aimé ce livre rempli d’humanité et je l’ai terminé avec un grand sourire aux lèvres ! Une belle histoire qui donne des ailes, du punch et qui redonne confiance et espoir.
Il ne faut pas passer à coté de cette lecture qui est une vraie bouffée d'optimisme et de bonheur !
Je remercie Adèle et les éditions Rouergue pour ce livre.
Vous connaissez quelqu’un dont le rêve soit ça ? Vivre sa vie les deux pieds dans la merde, dans cette odeur pourrie des poulaillers industriels ?
Marlène elle a le vin récapitulatif.
Le Mérou, il a décidé depuis longtemps qu’après lui le déluge. Je ne dis pas que je trouve ça bien, mais au moins il est clair avec sa connerie.
Lui, je l’aurais bien vu en homme politique : son obsession c’est de laisser quelque chose après lui. Tant pis si c’est qu’un tas de merde.
Et leurs parents, à quoi ils ont pensé lorsqu’ils ont fait construire ici ? C’est la faute à pas cher, la voilà leur excuse. Mais si c’est pour vivre douze mois dans dans une baraque de merde au milieu d’un décor moisi, c’est payer cher l’économie.
Quelquefois, je me dis que devenir adulte, c’est perdre pour toujours le droit de s’amuser.
Et un de plus :