M. Pébereau, c'est l'histoire d'un mec...

Publié le 25 août 2010 par Despasperdus

C'est l'histoire d'un type qui se gave avec ses potes comme s'il avait peur de manquer alors qu'aux étages inférieurs tout le monde crève la dalle...

Une histoire classique qui revient régulièrement :

«Le président de BNP Paribas, Michel Pébereau, et son directeur général, Baudouin Prot, ont dégagé pour environ 1,2 million d’euros de plus-value en actions, après avoir exercé puis revendu des stock-options en août, selon des informations de l’Autorité des marchés financiers (AMF).»

Pour plus d'infos, on se reportera au fort instructif billet de l'ami Jacques, intitulé très justement : "ma petite entreprise"... [1]

Alors que la droite prévoit une croissance économique de 1,6 %, voire 2 % dans les rêves les plus fous de C. Lagarde...

Alors que les banques ont encore des actifs merdeux style hedge funds, subprimes et on ne sait quoi...

Alors que les susdites rechignent à aider les entreprises en manque de liquidités...

Le pdg de BNP-Paribas empoche avec son complice collaborateur un joli petit pactole que tout ouvrier licencié après 40 années de taff rêverait de toucher en guise d'indemnités de licenciement !

Dis-donc l'ami Pébereau...

....on veux bien admettre que tu sois...

un travailleur émérite qui se lève tôt...

un véritable puits de science...

un génie industriel...

un manager épatant...

un dirigeant visionnaire...

un chef qui se met en 1ère ligne dans la guerre économique...

un banquier capable de sentir l'argent comme le cochon la truffe...

le Dieu de la pompe à phynances...

Mais, il y a un truc pas très moral... Attention, nous n'avons pas écrit "illégal"... Nuance !

Juste le sentiment que dans ce monde, certains, toi et tes potes, appelons-les des oligarques, touchent régulièrement le jackpot au loto...

Tout le monde participe, mais seule une pincée d'initiés connait les numéros des boules truquées... Certains appellent cette loterie le capitalisme financier néo-libéral (désolé pour les pléonasmes...).

Donc Michel Pébereau,[2] flashback :

A l'origine, un haut fonctionnaire aux finances, polytechnicien, énarque, probablement un fils de très bonne famille moyenne...

Dans les années 70 et 80, on le retrouve au sein d'une structure technocratique qui regroupe des types comme lui qui ne connaissent la vraie vie des gens qu'à travers des bilans comptables et des théories foireuses, par exemple :

«Au nom de la "division internationale du travail" (...) il faut faire des choix et renoncer, selon eux, à toutes les activités subalternes ou trop concurrencées par des pays neufs. C'est ainsi qu'ils décident qu'il est bon de rayer d'un trait de plume des secteurs entiers comme la machine-outil, le textile, le bois, ou la chaussure. » [3]

Précisons qu'en 2010 de l'autre côté du Rhin, ils fabriquent toujours de la machine-outil, et en Italie, le textile se porte bien ! Merci les apprentis-sorciers incompétents ! Aujourd'hui, les mêmes préconisent le serrage de ceinture à base de casse du modèle social. Le pouvoir de nuisance de ces illuminés est intact. Les médias dominants - qu'ils financent plus ou moins directement - tressent des couronnes aux uns et aux autres :

«le Pébereau froid et cassant s'est détendu. Il se paie le luxe de concilier ses passions : la réflexion sur la rigueur budgétaire, l'éducation, l'éthique, la science-fiction. A son image, son carnet d'adresses est devenu éclectique et humaniste.» [4]

Mais ne nous égarons pas :

Par amour du service public, le Michel participe à la 1ère vague de privatisations (1986) puis à la seconde (1993). Il se retrouve parachuté à la tête d'une structure privée, PDG de la Banque nationale de Paris (BMP), banque traditionnelle de l'UIMM... Un miracle, dû vraisemblablement à Saint Pognon !

Notre ami quitte donc la fonction publique et son avantageux statut de privilégié profiteur feignant : bienvenue dans le secteur privé Michel ! Une sacrée prise de risques qui semble payante...

«Certains banquiers, notamment Michel Pébereau (...) auraient même construit des fortunes dépassant 100 millions d'euros. On comprend mieux pourquoi les derniers dirigeants d'entreprise publique ne rêvent que de privatisation. » [5]

Notre nouveau banquier est également présent dans divers conseils d'administration (Total, Saint-Gobain Lafarge EADS, etc). Comme tout travail mérite rémunération, notre valeureux travailleur reçoit des "jetons de présence". [6]

Une rémunération somme toute complémentaire qui lui permet vraisemblablement de supporter les difficiles fins de mois. A titre purement informatif, la valeur moyenne du jeton de présence s'élevait à 55.000 euros en 2008. [7] Pour évaluer l'argent de poche en jetons de présence par an de notre ami, il faudrait multiplier cette somme par le nombre de réunions desdits conseils d'administration...

Son métier de banquier et sa passion pour les conseils d'administration ne le détournent pas pour autant de ses premiers amours...

Aussi, l'ami Michel est toujours féru du bien public, à tel point qu'il s'intéresse au système éducatif... Il préside l'Institut de l'entreprise, un think thank libéral qui diffuse des documents destinés aux enseignants pour contrebalancer la vision keynésienne et marxiste des manuels d'économie. Il instruit lui-même les futures zélites à Sciences Po Paris... dont il est aussi l'un des administrateurs. Formidable, non ?

Son passion du service public lui fait également accepter la présidence d'une commission d'études sur l'évolution de la dette publique. Le rapport remis au ministre de l'économie en 2005 est un modèle de pensum néo-libéral, si bien qu'on s'étonne que quelques sociaux-démocrates de renom et d'ancien syndicalistes aient collaboré jusqu'au bout à cette entreprise de destruction des acquis du mouvement ouvrier...

Ce rapport comporte 20 préconisations dont la plupart ont été mises en œuvre par De Villepin et Sarkozy : réduction des effectifs de la fonction publique, casse du statut de la fonction publique, réduction des services publics, équilibre des régimes sociaux quitte à tailler dans le vif, poursuite de la réforme des régimes de retraites pour assurer l'équilibre en 2020... [8]

Sympa, non ?

Son titre aurait du nous mettre la puce à l'oreille car c'est un chef d'œuvre de novlangue néo-libérale ! Attention c'est du lourd :

«DES FINANCES PUBLIQUES AU SERVICE DE NOTRE AVENIR Rompre avec la facilité de la dette publique pour renforcer notre croissance économique et notre cohésion sociale » [9]

Bien entendu, il n'est jamais jamais venu à l'esprit de Michel Pébereau qu'une meilleure redistribution des richesses permettrait de rééquilibrer les comptes de la Nation, en particulier les comptes sociaux.... Voire même de développer les services publics, l'investissement...

Pourtant, l'ami Michel devrait savoir que...:

«Jusqu'à la fin des années 1980, les écarts salariaux varient de 1 à 30, voire 1 à 40. Un niveau qui fait alors consensus dans la société. En 2007, le rapport est désormais de 1 à 250, voire 1 à 400 dans les banques. » [10]

Ah oui, donc, en fait, Michel Pébéreau...

... c'est l'histoire d'un type qui se gave, se gave grave avec ses potes comme s'il avait peur de manquer...

Et le type, pas con le type, intelligent même, voire cynique, enfin... humaniste, éthique et éclectique le type comme ils disent dans le journal...

le type voit bien qu'il y a de moins en moins de confiture dans le pot mais il se gave toujours, de plus en plus avec les autres oligarques, en "préconisant" à la population, à ceux qui crèvent la dalle d'être moins gourmands...

Notes

[1] Jacques Actus - Ma petite entreprise

[2] Wikipédia

[3] Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, le vrai visage du capitalisme français- édition La Découverte

[4] L'expansion - Michel Pébereau

[5] Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, le vrai visage du capitalisme français- édition La Découverte

[6] peuples.net - Jetons de présence contre suicides

[7] L'Expansion - Les jetons de présence défient la crise

[8] synthèse du rapport Pébereau : doc pdf

[9] le rapport Pébereau - doc pdf

[10] Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, le vrai visage du capitalisme français- édition La Découverte