L’affiche de l’exposition montre une photo déjà célèbre, le « nu provençal », que Willy Ronis présente comme une photo de vacances (rustique) de l’été 1948 et que chacun, chacune de ceux qui la voient rapproche d’un peintre, Pierre Bonnard.
Ce nu nous attend dans la dernière salle de l’exposition de la Monnaie de Paris, avec d’autres photos d’amis, d’intimes. Une photo de grévistes aurait sans doute fait mauvais effet en ces temps où un président a osé prétendre que, lorsqu’il y a une grève en France, on ne la voit pas.
Willy Ronis ne photographiait pas les yachts ni la façade du Fouquet’s. Il était avec le peuple, les ouvriers, ceux qui ont été peu à peu repoussés en banlieue, parfois dans des bidonvilles. Et c’est dans cette première salle qu’on peut voir des photos de gens ordinaires, enfants jouant à Belleville, grévistes chez Citroën, jeunes gens à la fête foraine, famille traversant une avenue. Et, effet du noir et blanc, ou choix du cadrage, quelle que soit l’année de la prise de vue, on a le sentiment que ce sont toujours les mêmes personnes qui l’intéressent, ici un vigneron, là un restaurateur, un militaire en permission, des amoureux au bal.
Et il ne manquait pas d’humour !
Les commentaires qu’il fait de ses prises de vue se limitent à des aspects techniques, factuels ; car c’est dans le regard du spectateur que se prolonge l’engagement du photographe.