Hôtel Iris de Yôko Ogawa
Titre original : Hoteru Airisu
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle
Editions Actes Sud, collection BABEL, 237 pages.
Quatrième de couverture :
Mari est réceptionniste dans un hôtel appartenant à sa mère. Un soir, le calme des lieux est troublé par des éclats de voix : une femme sort de sa chambre en insultant le vieillard élégant et distingué qui l'accompagne, l'accusant des pires déviances. Fascinée par le personnage, Mari le retrouve quelques jours plus tard, le suit et lui offre bientôt son innocente et dangereuse beauté.
Cette étonnante histoire d'amour, de désir et de mort entraîne le lecteur dans les tréfonds du malaise dont Yôko Ogawa est sans conteste l'une des adeptes les plus douées.
Ce que j'en ai pensé :
Dans une ville côtière anonyme, la jeune Mari mène une vie plutôt lugubre aux côtés de sa mère tyrannique. Celle-ci lui a imposé d'arrêter ses études pour travailler à l'hôtel dont elle est propriétaire. C'est ainsi qu'un soir Mari est témoin d'une altercation entre un vieillard et la femme qui l'accompagne. Immédiatement la jeune fille tombe sous le charme de la voix de cet homme, de ses inflexions autoritaires.
Par hasard, elle retrouve l'homme en ville quelques jours plus tard. Commence alors entre eux une relation étrange, ambigüe, complexe et perverse. L'homme est traducteur et vit solitaire sur une île à proximité de la station balnéaire. Lorsqu'il fait la connaissance de Mari, il travaille sur la traduction d'un roman russe dont l'héroïne, Marie, vit des relations sado-masochistes avec son professeur d'équitation, puis avec son époux.
Fascinée, Mari s'abandonne aux exigences de plus en plus perverses du vieillard. La force de Yôko Ogawa est de réussir à faire passer des sentiments dans cette relation sulfureuse et d'en faire ressortir la complexité : le traducteur à la fois despote et impitoyable, mais aussi attentionné et vulnérable, en qui la jeune femme recherche probablement également une figure paternelle. Et Mari, prête à tout pour le retrouver, pour qui curieusement ces rencontres sont une échappatoire à l'atmosphère glauque de l'Hôtel Iris, entre une mère autoritaire et une femme de ménage sournoise.
Un curieux roman arrivé entre mes mains grâce à la découverte d'un auteur organisée chaque mois par Pimprenelle.