979
Terre
Petit point d'espérance
Dans le grand cycle de l'univers
.
Improbable île
Offerte à nos amours
*
Terre, à peine entrevue encore du haut de mon mât de misaine, de mon hunier de misère.
Terre, improbable aventure lancée à grande vitesse dans l’infini noir intersidéral.
Sidéré je te regarde, si pâle et tremblante de ce bleu froid d’où jaillit toute vie.
Terre, à mes yeux berceau de mes plus fidèles espérances, fruit savoureux à qui sait le cueillir.
*
Terre, si belle parée de ta robe d’océans,
Frêle esquif où nos cœurs s’épanchent en inépuisables soifs.
Nous sommes les mains involontaires d’un voyage qui ne fait que commencer.
Nos voiles hissées, nous nous frayons passage entre les récifs d’une vie encore improbable.
Tout est à faire et à inventer : le sourire et la main, l’âme et la gourmandise de vivre.
*
Le chenal est étroit entre les rocs acérés de la vénalité quotidienne, et les icebergs de l’égoïsme brut.
C’est un passage à nos yeux méconnus qui nous promène de temps en temps, sans rien savoir de ce qui était ou sera.
Nous ne pouvons que nous fier au gouvernail que nos mains tiennent.
Il devient âpre et dur à manier, sans l’huile de l’amour insondable.
Terre, île amoureuse perdue au fil de ce temps qui, parfois, nous désespère.
Nous sommes tes marins perdus, dont seule la boussole palpitante sait orienter.
Nulle volonté ne nous presse. Il n’est que de nous laisser guider par la soif insatiable debeauté.
*
Il en est qui sont les ferments des brumes épaisses propices à nos naufrages.
Pire que les récifs ils n’ont que mort tapie au creux de leurs bourses sans limites.
La vie, elle, cette robe si fine et si pure qui drape le vaisseau de ses tulles vaporeux, mérite bien mieux que ces froids calculs.
Nous sommes d’un voyage dont nous ne connaissons aucun port.
Ainsi avons-nous tout à découvrir à chaque escale.
Manosque, 22 juillet 2010
©CopyrightDepot.co 000455677