Faire de la politiquePar Alain Rey • 12 mai, 2008 • Catégorie: Points de vue
Dimanche matin , préparant une note sur ce qui est juridiquement possible en ce qui concerne la CAPE, hors tout appel à la sédition, en fond sonore j’ entends les bruits d’une émission consacrée aux secrets de famille de François Mitterrand, et puis vint la période consacrée à la Cohabitation de 1986, serpent de mer des constitutionnalistes. Étudiant, il me souvient de TD virulent sur ce sujet , cas d’école à l’époque , l’opinion dominante étant qu’une telle expérience ne durerait , au mieux, que quelques mois et se terminerait par la soumission ou la démission du Président de la République , comme ce fut le cas lors de la crise du 16 mai 1877, qui mit fin à la tentative du Maréchal de Mac-Mahon,Duc de Magenta de présidentialiser la troisième République.Las, sans Coup d’État, sans appel insurrectionnel aux sections (façon an II), ni manipulation de l’armée (façon 1958), le Président de la République continua d’exercer la plénitude de sa charge, obtenant du premier ministre qu’il respecte le domaine réservé du chef de l’État . Domaine qui rappelons le n’existe ni dans le texte de la constitution de 1958 , ni même dans les gloses qu’en fit le Général de Gaulle, pour qui il n’y avait, ni domaine négligé, ni domaine réservé.Un geste montre le pouvoir du Président Mitterrand en cette période de cohabitation , le Projet du Grand Louvre, grand musée créé par la République dans le palais des rois et qui, au fil du temps, était devenu un cloaque où les momies de la section égyptienne ne se devinaient qu’au travers des couches de poussière qui recouvraient leurs vitrines. Et que dire de l’état de la Cour Napoléon où Peï allait élevé la Pyramide du Louvre.Alors qu’un simple vote par les assemblées, d’un collectif budgétaire pouvait à tout moment priver l’Elysée de tous moyens d’actions, avec comme seules armes la magie de son verbe—-et aussi, et surtout son aura personnelle, son auctoritas dirait un romaniste, François Mitterrand , en obtenant la réalisation de son grand dessein pour le Louvre, démontra qu’en période de cohabitation un Président qui fait de la Politique n’est pas dénué de pouvoirs et peut infléchir l’action de ceux qui constitutionnellement sont les maîtres du Jeu.Savoir prendre la mesure du réel et néanmoins ne pas se résigner à l’inaction , tel pourrait être la leçon à tirer de cette première période de cohabitation .
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