A-t-il été désigné par son maître, immigré de deuxième génération, comme chien de garde pour grogner contre tous ceux qui oseraient critiquer celui-ci, ou bien, devant le silence prudent des autres ministres, s’est-il emparé de ce rôle pour mériter quelque sinécure ? Toujours est-il que Christian Estrosi, Français d’origine étrangère, vient d’ajouter à ses précédentes sorties sécuritaires une vigoureuse attaque contre Dominique de Villepin qui, dans une tribune du Monde du 24 janvier, s’était permis de parler d’une tache sur notre drapeau.
A entendre la litanie des faits reprochés au gouvernement alors soutenu par le RPR, on comprend mieux, sans toutefois l’excuser, la retenue observée par le parti socialiste, soucieux d’éviter d’être entraîné dans une polémique avec la droite. Je ferai toutefois remarquer au chevalier blanc de Sarkozy que c’est la première fois que tant d’autorités extérieures, l’ONU, l’Union européenne et la papauté rappellent notre pays à l’ordre. Et, comme le dit Gérard Courtois dans le même numéro du Monde, « la certitude d'avoir raison envers et contre tous n'est jamais la meilleure conseillère. » Je rappellerai à ces brillants émules du Front national que, en matière culturelle, notre pays est prompt à faire valoir l’exception française. Il est un autre domaine où la France s’est toujours distinguée, c’est celui des droits humains. Même si les pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique peuvent faire valoir un droit d’antériorité, notre pays est celui qui, par la Révolution de 1789, a apporté au monde un certain nombre de valeurs. Donc quand tous ces gribouilles font valoir les actions contestables qui peuvent être menées par tel ou tel autre pays, fût-il d’Europe, peu nous chaut. C’est à nous d’être un exemple pour les autres, et non l’inverse.
Ces mêmes apprentis sorciers sont aussi très chatouilleux sur les termes, se plaignant de ce qu’ils ressentent comme des tentatives pour les assimiler à des criminels nazis ou des collaborateurs. Ils démontrent ainsi leur piètre connaissance du français. J’avais récemment expliqué que, même si l’expression les gênait, notre police procédait bien actuellement à des rafles. Je me propose aujourd’hui de leur apprendre que, lorsqu’il n’y a pas de réel volontariat, ce qu’ils appellent des expulsions sont bien en réalité des déportations. S’ils avaient la curiosité de consulter des dictionnaires, ils sauraient que, jusqu’en 1960, notre pays disposait d’une peine, la déportation, notamment en Guyane, et que la déportation est le fait de transporter par la force des personnes ou des populations. L’expulsion, elle, est moins sévère. Lorsqu’un occupant sans droit est chassé du logement qu’il occupe, il se retrouve sur le pavé et est libre d’aller où il peut. Lorsque l’on contraint des êtres humains à quitter le pays où ils se trouvaient, on ne peut appeler ce fait autrement qu’une déportation.
Si nos prétendus défenseurs de la sécurité s’insurgent devant ces mots, c’est que ceux-ci leur renvoient soudain une image d’eux-mêmes qu’ils refusent. Ils se justifient en prétendant ne faire qu’appliquer la loi. Le viol impuni de notre loi fondamentale par Nicolas Sarkozy leur interdit à jamais d’utiliser pareil argument.