Superbe, et très réaliste, doublé d'une réalisation ultra-soignée, l'image est ici utilisée avec virtuosité. Les plans les plus impressionnants sont sans nul doute ceux qui nous mettent à la hauteur du héros, Rémy, un rat fin gourmet et cuisinier à ses heures. On a vraiment l'impression de courir à ras le sol, et de comprendre sa vision du monde, telle qu'il le conçoit, à l'image de sa folle équipée dans les cuisines d'un grand restaurant de Paris, magistralement orchestrée.
L'une des scènes les plus représentatives du savoir-faire de la maison Pixar reste la chute de Rémy dans les égouts de Paris, dans un tourbillon d'eau au réalisme saisissant: on suffoque avec lui, on est balloté en tous sens, on retient notre souffle, dégoulinant presque...
Un autre plan absolument merveilleux et qui démontre bien le goût du détail chez Pixar: la vue à la tombée de la nuit sur la capitale française, magique, vertigineuse, éblouissante, qui mérite très certainement cette fois-ci son surnom de "ville lumière".
Le regard n'est plus seul sollicité, dans cette légion de détails d'une incroyable délicatesse, et l'expérience cinématographique gagne en sensorialité. Pour le coup, retrospectivement, un traitement 3D aurait sans doute valut le coup d'oeil, même si le travail sur la texture, la lumière, les nuances chromatiques et la profondeur de champ n'a jamais semblé aussi poussé auparavant. On a la sensation que l'on aurait presque qu'à tendre la main vers l'écran pour caresser la fourrure soyeuse de Rémy, et chatouiller ses moustaches. Un réalisme saisissant, donc, mais qui garde son aspect "animé", chatoyant et en marge de la "vraie" réalité.
L'histoire nous est contée du point de vue de Rémy, donc. Rémy, une jeune rat inventif et supérieurement intelligent (c'est dire, pour un rat!), passionné de cuisine, qui espère un jour parvenir à créer toutes sortes de plats et sensibiliser ainsi sa tribu à de plus riches saveurs que celles des immondices dont ils se nourrissent traditionnellement. Rémy est un visionnaire, au milieu d'une assemblée de rats conservateurs et méfiants vis-à-vis des hommes, avec raison sans doute (la séquence de l'échope vendant des pièges à nuisibles est tout simplement glaçante). L'idole de Rémy? Le célèbre chef français Gusteau, réputé dans le monde entier pour sa cuisine, récompensé de tous bords, et décédé récemment sous le coup d'une critique assassine d'un chroniqueur chagrin. Séparé de sa famille après un tragique incident, Rémy se retrouve fortuitement dans les égouts de Paris, juste sous le restaurant de feu Gusteau. Là, il fait la connaissance de Linguini, jeune homme maladroit n'ayant aucun talent pour la cuisine, et qui porte sans le savoir un lourd secret... Le périple initiatique commence, au plus près des fourneaux.
Le scénario est on ne peut plus soigné, passionnant, inventif, à la fois plein de rebondissements, de scènes cocasses et de bons sentiments, sans pour autant que cela se révèle jamais niais ou pathétique. Bien au contraire, il force la réfléxion, sur le pouvoir de chacun de changer sa destinée, sur les différences entre les êtres (et les races) et leur pouvoir de communiquer, sur l'expression du talent... sur la vie, tout simplement. Le tout sans mièvrerie dégoulinante habituellement propre à Disney, qui trouve là un nouveau chef-d'oeuvre à ajouter à sa collection, après une période de vache maigre (selon moi). C'est drôle très souvent, émouvant parfois, toujours très original, relevé comme un bon plat, une recette infaillible qui ravirait nos yeux tout autant que nos papilles dans un grand restaurant. D'ailleurs, le film ne faillit pas à l'une de ses ambitions évidente: faire gargouiller nos estomacs. Et s'il flatte notre égo patriote au passage, que demander de plus? Car Ratatouille trouve ainsi prétexte à ériger de notre charmant pays une image flatteuse, loin des clichés bateaux dont il s'amuse au passage (le type avec sa baguette de pain et son béret), préférant croquer au mieux une certaine idée de la vie parisienne, épicurienne à souhait.
Un film juste superbe, incontournable, déjà culte dans le domaine des films d'animations. Difficilement égalable, tant Ratatouille a ouvert la voie de l'excellence, celle qui fait rimer film d'animation avec orfèvrerie de luxe...
*1h50 - américain - by Brad Bird - 2007
*Cast: Patton Oswalt/Guillaume Lebon, Ian Holm/Julien Kramer, Peter O'Toole/Bernard Tiphaine, Lou Romano/Thierry Ragueneau, Janeane Garofalo/Camille, Brad Garett/Jean-Pierre Marielle...
*Genre: Fourchette d'argent
*Les + : l'ensemble de ce film d'animation est d'un goût exquis... C'est tout simplement un sans faute.
*Les - : "R.A.S., ça veut dire "Rien à signaler", c'est un acronyme, comme euh... ça va, laisse tomber"
*Liens: Fiche Film Allociné
*Crédits photo: © Buena Vista International