(Source : Le Figaro)
A l’issue d’une réunion surprise à Matignon, le premier ministre a annoncé qu’il allait saisir la Commission européenne afin d’accentuer les initiatives communautaires sur la question des Roms.
Alors que certains s’étonnaient du silence du premier ministre sur le dossier des Roms, François Fillon a réuni mardi après-midi à Matignon plusieurs ministres pour faire le point sur les mesures gouvernementales d’évacuation des camps illégaux. Une rencontre qui n’avait pas été annoncée par ses services. Brice Hortefeux (Intérieur), Eric Besson (Immigration), Pierre Lellouche (Affaires européennes) et le directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie (Justice) étaient présents.
Dans un communiqué, le premier ministre annonce son intention de saisir mercredi le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, afin d’accentuer les initiatives communautaires sur ce dossier la France estimant que les pays de l’UE doivent harmoniser leurs pratiques.
Alors que les annonces du gouvernement sur les Roms lui valent une pluie de critiques de l’opposition, de l’Eglise et même de la majorité, Matignon insiste «sur la nécessité d’agir avec fermeté, continuité et justice, sans laxisme ni excès». Il est «du devoir de l’Etat d’assurer le respect de la légalité républicaine», explique le texte. «La lutte contre l’immigration irrégulière» ne devrait «pas être instrumentalisée» à gauche comme à droite, plaide François Fillon. «La tradition humaniste de la France va de pair avec le respect de ses lois par tous ceux qui se trouvent sur son territoire», poursuit le premier ministre dans son communiqué.
«Les actions entreprises cet été sont conformes à la législation française et européenne. La très grande majorité des reconduites dans les pays d’origine sont volontaires», rappelle-t-il. François Fillon insiste également sur le soin qui doit être porté aux situations individuelles et familiales .
Afin d’apaiser les relations tendues avec Bucarest, Brice Hortefeux, Eric Besson et Pierre Lellouche rencontreront mercredi les secrétaires d’Etat roumains à l’Intérieur et chargé des Roms, à Paris.
Critiques du Conseil de l’Europe
La stratégie d’expulsion des Roms continue à être mise en cause de toute part. Après Dominique de Villepin et Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin a aussi dénoncé le durcissement du gouvernement. L’ex-locataire de Matignon s’est inquiété de la «dérive droitière» de l’UMP, estimant avoir assisté pendant l’été à une «surenchère» sur la sécurité, conduisant à des propositions «absurdes». Il a appelé François Fillon à intervenir pour mettre en avant «les valeurs d’équilibre» de la majorité.
Même sévérité du côté des instances internationales. L’agence du Conseil de l’Europe contre l’intolérance (Ecri) s’est dit déçue par l’évolution «particulièrement négative» de Paris. «Les Roms migrants sont présentés collectivement comme auteurs d’infractions pénales et considérés comme seuls responsables d’abus de la réglementation européenne en matière de liberté de circulation», regrette l’Ecri.
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