DIU PSYCHOTHERAPIE INSTITUTIONNELLE
Je voudrais parler de l'espace de l'institution, tout à la fois espace de projection et espace de création, pour introduire une situation clinique qui illustre, à mon sens, comment l'espace institutionnel s'investit du relationnel, même avec les patients psychotiques.
Tout premier contact avec une institution qui « abrite des fous » se fonde comme une expérience de la violence. Violence du corps exposé, explosé, monstrueux, qui renvoie à un réel, qui, par définition, ne peut se dire. Comme l'écrit Henry Maldiney dans Penser l'homme et la folie. : « La psychose ne se laisse pas faire. Sa dramatique témoigne de ce qu'il y a d'irréductible dans l'homme. »
Cette violence que nous voyons se déployer dans l'espace de soin, nous la relions, en utilisant le terme de projection, à la violence du vécu psychotique.
C'est en quelque sorte ce qu‘on pourrait concevoir comme le premier plan de la projection. La projection, au sens général, comme « opération » psychique qui concerne un sujet ; « Opération par laquelle le sujet expulse de soi et localise dans l'autre, personne ou chose, des qualités, des désirs voir des « objets » qu'il méconnaît ou refuse en lui. » selon la définition du Laplanche.
Ce qui nous intéresse, dans ce concept de projection, c'est son caractère spatial, et notamment autour de ce qu'il montre de l'espace du corps.
Ainsi, déjà chez Freud, la projection renvoie aux fondements de la différenciation intérieur-extérieur, et moi-monde extérieur :
En effet, c'est un mode de défense originaire contre les excitations internes trop déplaisantes. Freud explique dans au delà du principe de plaisir : « il existe une inclination à les traiter comme si elles venaient de l'extérieur pour pouvoir utiliser contre elles le moyen de défense du pare-excitations. » C'est aussi un terme essentiel de la construction dynamique introjection-projection, largement reprise par M.Klein, autour de sa théorisation de la position schizo-paranoïde.
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