Les incendies qui ont ravagé l’ouest de la Russie n’y sont probablement pas pour rien. Il aura fallu que près de 200 000 hectares soient calcinés pour que les autorités russes s’intéressent sérieusement à la question environnementale. Par ailleurs, alors qu’un communiqué de presse de l’Agence internationale de l’énergie, datant de fin juillet, affirme que la Chine outrepasse désormais les Etats Unis en termes de consommation d’énergie, l’Empire du Milieu opte pour une méthode radicale afin de juguler un besoin énergétique toujours plus important : couper les vivres sans préavis !
- Changement radical d’attitude des autorités russes suite aux incendies
Pour mémoire, la Russie a ratifié le
protocole de Kyoto en 2004. Il semblait donc que la Russie avait pris conscience de l’importance des questions environnementales. Néanmoins en novembre 2009, le site www.notre-planete.info, s’appuyant sur les propos du climatologue russe M. Kokorine, écrivait «À l’heure actuelle, la situation semble plus ou moins équilibrée, et on continue de penser que les effets négatifs ne se feront pas sentir de manière prépondérante avant la deuxième moitié du XXIe siècle, autrement dit pas dans un avenir proche. » C’était sans compter un
hiver glacial à
Moscou et une
canicule cet été. La reconnaissance par le ministre des ressources naturelles et de l’écologie en janvier 2010 de la réalité du réchauffement climatique a joué en faveur d’un changement d’attitude. Cette même personne annonçait en avril 2009 que les pertes dues à des phénomènes météorologiques catastrophiques coûtaient à le Russie entre 1 et 2 milliards de dollars par an !La
pire canicule enregistrée depuis 1000 ans aura, quant à elle, occasionnée des frais s’élevant à 14 milliards de dollars, soit 1% du PIB de du pays ! Le président russe,
Dmitri Medvedev, a ainsi reconnu que la catastrophe été due au réchauffement climatique : «Malheureusement, ce qui se produit aujourd’hui dans nos régions centrales est la preuve du changement climatique planétaire. Jamais dans l’histoire de notre pays nous n’avons subi de telles conditions ».N’oublions pas la conduite cynique de l’ex président russe et actuel premier ministre lorsqu’il était encore chef d’état. En septembre 2003 lors de la
Conférence sur le climat de Moscou,
Vladimir Poutine tenait ces propos : «un réchauffement de deux à trois degrés ne serait pas grave et peut-être même bénéfique : on dépenserait moins pour les manteaux de fourrure et les vêtements chauds ».La Russie, actuellement quatrième pollueur mondial en termes d’émission de carbone, s’est engagée à :
- réduire l’intensité énergétique du PIB de 40 % d’ici à 2020
- parvenir à une utilisation du gaz de 95 % d’ici à 2014-2016
- faire passer la part des sources renouvelables de 0,9 % à 4,5 % (grands barrages hydroélectriques exclus) d’ici à 2020
Mais le chemin risque d’être long au vu d’attitudes bien ancrées comme la pratique du torchage par les pétroliers qui augmente considérablement les émissions de CO2.
- La Chine se serre la ceinture !
La Chine est aujourd’hui,
le plus gros consommateur d’énergie, surpassant les Etats Unis avec 2,25 milliards de tonnes de pétrole en 2009, soit 4% de plus que les Etats-Unis.
L’Agence Internationale de l’Energie précise même que le changement a été plus rapide que prévu (les experts tablaient sur 2015). Depuis 2000, la demande d’énergie a doublé dans le pays, néanmoins la demande par habitant reste tout de même cinq fois moindre par rapport à celle des américains.L’état chinois a néanmoins fortement promu les énergies renouvelables en particulier les énergies éolienne et solaire et vivement favorisé la baisse de l’intensité énergétique (de 14% en 2009). Et ces derniers temps, l’Empire du milieu a utilisé un moyen imparable pour diminuer la consommation des industries les plus énergivores : couper le courant sans préavis!2087 entreprises sont sommées de respecter des consignes pour réduire la consommation d’énergie. Si tel n’est pas le cas, les autorités menacent ces industries, et pas à la légère, de bloquer l’octroi de prêt, de retirer les licences et de couper l’électricité. Plusieurs ont subi la « main de fer » du gouvernement qui œuvre pour plus de transparence en tentant de tenir la population plus informée.Il ne reste plus qu’à espérer que ces dispositions ne soient pas que passagères…
Il est malheureux de penser qu’un désastre soit nécessaire pour faire évoluer les mentalités. Le point positif des catastrophes à répétition, sans aucun cynisme de notre part, est la prise de conscience plus ou moins généralisée que les activités humaines incontrôlées influent négativement sur l’équilibre de la planète. Le développement durable n’est plus uniquement l’apanage des pays riches. La Chine et la Russie s’engagent dans cette voie là. Affaire à suivre.