Suivons MAALOUF dans un autre périple….

Par Citoyenhmida

Voilà le  roman qu’il faut  pour meubler ces longues journées de ramadan !
Un roman qui vous fera voyager à travers la Méditerranée orientale, durant la seconde moitié du XVIIème.

A la veille de l’année de la bête, l’année 1666, l’année de l’Apocalypse, l’année de la fin du monde !

Amin MAALOUF, excellent conteur comme toujours, à la prose fluide et simple, nous fait suivre dans « LE PERIPLE DE BELDASSARE », les tribulations  d’un riche marchand génois dans sa quête d’un livre supposé  révéler le « nom  caché du créateur » dont la simple évocation écarterait le danger et ramènerait la sérénité en cette période trouble.

Impossible de rapporter ici ces aventures, qui mêlent les personnages les plus inattendus (entre cent autres un prêtre,  un pirate, des fonctionnaires véreux, un honorable marchand), les situations les plus rocambolesques (des tempêtes en mer, des cités qui brulent, un continent bouleversé par l’annonce imminente de la fin du monde),  les villes les plus folkloriques  (Gibelet, Gênes Alep, Tripoli, Constantinople, Smyrne, Chio, Gênes, Lisbonne et Londres).

La vraisemblance n’est pas forcément au rendez-vous  mais il s’agit d’un conte, d’un conte bien écrit ! Malgré quelques longueurs ! Un conte qui trouve très bien sa place dans la  collection de poche de Grasset (2006).

Personnellement, j’ai lu ce livre avec un certain regard, disons « actualisé ».

L’année de la bête, annoncée par d’improbables prophéties et surtout de plus improbables prophètes, m’a fait pensé à la fameuse « qawma », que certains avaient prévue et en avaient même fixé le millésime. Si je ne m’abuse, c’était bien 2006 ? Les réactions certains de nos contemporains ne diffèrent finalement pas de celles des populations de l’Europe du XVIIème!

Autres images du roman qui m’ont parues très actuelles : celles des scènes de corruption des potentats ou des simples sbires de l’empire ottoman. Certains passages m’ont fait penser à ce fléau qui mine notre pays, fléau que tout le monde dénonce mais que chacun semble accepter finalement.

Pour finir, n’oublions pas que toute l’œuvre de Amine MAALOUF axée sur ses origines et sur son appartenance à différentes cultures. Il fait ainsi dire à son héros cette phrase révélatrice : « Je suis né étranger, j’ai vécu étranger et je mourrai plus étranger encore ; je suis trop orgueilleux pour parler d’hostilité, d’humiliations, de rancœur, de souffrances ».

Bonne lecture!