Cautions

Publié le 24 août 2010 par Jlhuss

C’est en Bresse qu’Arnaud Montebourg anticipe traditionnellement la rentrée du PS avec sa fête de la rose, avant de prendre la route pour La Rochelle, revenons sur sa prestation bras de chemise.
A Frangy en Bresse, il avait invité Jean-Pierre Chevènement , presque un  voisin mais, surtout le Monsieur « rigueur » en matière de sécurité pendant « les années Jospin », on a les spécialistes que l’on peut mais on oubliera pas non plus la responsabilité incontestable du Belfortin dans l’échec de l’homme de Ré en 2002.
Cette invitation n’est pas innocente, le sujet choisi non plus et l’on peut penser sans malice que le PS et Martine n’en ont pas fini avec le trublion de Saône et Loire. Il annonce d’ailleurs discrètement, mais quand même suffisamment fort, que les candidats actuels aux hypothétiques primaires n’ont pas l’heur de lui plaire. Le pas qui lui reste à franchir pour proposer sa propre candidature est assez mince.
Revenant au sujet des discussions à Frangy après le poulet de Bresse et les vins de la côte, il est à la fois maladroit, provocateur, ou … calculé avec astuce. C’est selon l’angle sous lequel on le regarde.
«Il faut trouver un équilibre entre la tradition politique de la gauche, qui considère le respect des libertés comme un point fondamental, et les réponses concrètes qu’attendent les populations exposées aux violences», certes !
Maladroit pourrait s’appliquer au fait de mettre en avant ce thème de la sécurité. C’est en fait une validation implicite des préoccupations estivales de l’exécutif. Bien sûr il convient de critiquer les solutions proposées et  mises en oeuvre, mais on cautionne l’importance de la préoccupation et ce faisant on participe à la phobie ambiante. Cautionner est toujours maladroit pour une opposition.

Provocateur, c’est une évidence tant on connaît l’embarras du PS à parler d’une même voix dès que l’on aborde ces questions. La cacophonie est d’ailleurs bien engagée à entendre les prises de position d’un Valls ou d’une Ségolène à quelques jours de La Rochelle. Il est remarquable d’assister ainsi, chaque année, à une préparation d’artillerie lourde avant l’entrée en piste de l’équipe dirigeante du PS dans le port fortifié par Vauban (un Bourguignon)
Royal reprend sa fameuse idée : elle souhaite que le PS reprenne son désir (d’avenir) d’encadrement militaire des jeunes délinquants qui avait fait polémique. «Au lieu de fermer les régiments comme le gouvernement le fait actuellement, il faut repenser l’utilisation de ces lieux d’éducation et d’encadrement pour permettre aux jeunes de se remettre sur les rails» Le tout assorti d’une belle et bien connue formule : «la sécurité durable et l’ordre juste»
Pour les propositions Arnaud Montebourg la clarté obscure devient aveuglante : Il faut élaborer un «pacte de tranquillité publique» qui transcende le traditionnel clivage droite/gauche, rétablir la police de proximité créée par Jean-Pierre Chevènement, évaluer la vidéosurveillance et enfin associer la population et les habitants à la lutte contre l’insécurité en leur demandant de participer à l’identification des problèmes avec la police. «Des idées nouvelles, la gauche en a dans ce domaine comme dans d’autres», a assuré Montebourg avant de dénoncer «la front-nationalisation de la droite», ça va sans dire !

On évalue … bon ! On transcende les clivages … bon ! Et après ? On associe … Quand on associe la population et les habitants en leur demandant de participer à l’identification des problèmes avec la police on franchit la barre : «Il faut permettre des discussions permanentes entre les forces de police et les habitants pour faire reculer la délinquance»
Il est très curieux d’entendre de tels propos dans la bouche de ceux qui fustigent sans cesse l’exécutif en lui lançant à la face des relents vichystes et autres banalités à gagner des points Godwin … Entre la militarisation de Ségolène et la collaboration de Montebourg, il est possible que dans un grand élan consensuel et avec un souci de synthèse, La Rochelle propose la création de milices.
C’est curieux cette habitude de l’opposition de se ruer sur les chiffons rouges agités par l’exécutif au risque de subir l’estocade. Et voilà que même le Pape s’y met … La calotte et le PS, même combat ? C’est une autre histoire   … à suivre peut-être !