Jack Lang, l’interview « People-itique »

Publié le 23 août 2010 par Planetepeople


Jack Lang nous livre des informations personnelles ainsi que sa vision sur des questions politiques actuelles.
Très accessible, le député de la 6ème circonscription du Nord-Pas-de-Calais, Jack Lang, a bien voulu se prêter au jeu de notre tout nouveau rendez-vous.
L’interview « People-itique » mêle donc des sujets légers ou personnels à de réelles questions sérieuses sur des sujets de politique actuels.
Pour des raisons techniques, nous n’avons malheureusement pas pu vous fournir une qualité de son optimale, c’est pourquoi, en plus de la version audio, nous vous proposons une version écrite des moments forts de l’interview.
« Je trouve que la proposition de la déchéance de la nationalité heurte l’idée que l’on se fait de la citoyenneté ». Jack Lang.
PlanetePeople.com : Nous allons commencer par revenir sur la polémique créée par les propos du président Sarkozy au début du mois, concernant la déchéance de la nationalité pour des délits graves. Vous avez indiqué que cela engendrerait un changement de constitution et que ce n’était pas vraiment le moment. Vous êtes donc contre cette proposition du chef de l’État ?
Jack Lang : Cette proposition est discutable sur deux plans : est-elle bonne ou mauvaise sur le principe et est-elle conforme à notre constitution ? Je trouve qu’elle heurte l’idée que l’on se fait de la citoyenneté. Sur ce plan, la constitution est claire : on ne peut pas établir de distinction de religion, d’origine ou de race dans notre législation. Un tel texte sera de toute façon soumis au conseil constitutionnel et il n’est pas assuré que le conseil donne son feu vert pour une telle loi.
Lorsque les Français vous rencontrent par hasard, comment se comportent-ils avec vous ?
J’ai la chance de pouvoir beaucoup me balader dans Paris et j’ai, de ce fait, des rapports faciles et immédiats avec les gens. C’est un vrai privilège. C’est certainement dû à mon travail que j’ai pu réaliser à une certaine époque lorsque j’étais à la culture, à l’éducation, maire ou encore député.
Je suis heureux de pouvoir me balader pour découvrir les villes à pied et d’avoir l’occasion de rencontrer les gens. Je trouve ça fantastique de pouvoir rencontrer les gens comme ça et j’apprends beaucoup d’eux.

Vous souhaitez montrer aux gens que vous êtes accessible ?

Je ne cherche pas à montrer. Je suis comme je suis et j’aime le contact direct. Je n’ai absolument pas besoin des sondages pour savoir ce que les gens pensent, mon sondage personnel dans les rues des villes que je traverse me donne des renseignements meilleurs que ceux fournis par les sondages actuels.
« Cela me paraît dérisoire d’ériger une statue de Lénine ».
Qu’est ce que vous pensez de la statue de Lenine défendue par Georges Frêche, pensez-vous que c’est une énième provocation ?
Je ne sais pas si cela est de la provocation. Je pense que sa logique est particulière. Il est historien et finalement, le but d’un historien n’est pas d’attribuer des bons ou des mauvais points, il décrit la réalité historique.
Son argument consiste à dire, et c’est un fait, que Lénine est un personnage qui a marqué l’histoire du 20ème siècle. On peut ne pas apprécier, l’attaquer, le contester mais la question que je me pose est : « Faut-il pour autant ériger une statue ? ».
Cela me paraît dérisoire.
En tant qu’ancien ministre de la culture et de l’éducation, quel type de « papy » êtes-vous quand vous aidez vos petites filles à faire leurs devoirs ? Plutôt sévère ?
Je ne suis pas de tempérament sévère. Mon objectif principal en tant que professeur était de pouvoir aider les étudiants à comprendre. Je trouve d’ailleurs que le premier devoir d’un professeur est de se montrer aussi clair et persuasif que possible. Mon bonheur, c’était quand mes étudiants réussissaient leurs examens. De même, avec mes petites filles, j’essaie d’utiliser des détours pour capter leur attention. Par exemple, une de mes petites filles entre en 6ème à la rentrée, je lui ai donc raconté l’histoire de l’Odyssée et d’Ulysse.
« La réforme des IUFM n’est pas une réforme, c’est de la destruction ! ».
Est-ce que vous trouvez que le niveau général qu’on leur enseigne est bon ?
Je pense que le système d’éducation français est bon. Je regrette que trop de journalistes superficiels ou d’hommes politiques tapent à bras raccourcis contre l’école française.
Je trouve que c’est un des meilleurs systèmes d’enseignement. Il y a cependant un problème que l’on n’arrive pas encore à résoudre : les enfants en grande difficulté.
Le problème ne peut pas être résolu seulement par l’école, il faut aussi voir les conditions de vie, l’environnement familial ou encore l’environnement social.
Je regrette simplement que le gouvernement ait pris des mesures d’appauvrissement en moyens et en personnel de notre école.
Alors justement, est-ce que vous pensez a la réforme des IUFM ? (ndlr : Instituts universitaires de formations des maîtres).
C’est une catastrophe ! Ce n’est pas une réforme, c’est une destruction ! Je suis très sévère sur ce sujet.
Pour moi, c’est une véritable escroquerie. Le gouvernement actuel a décidé de supprimer la formation pratique des maîtres. Pour des raisons budgétaires, Mr Darcos a supprimé les 16 000 postes de professeurs stagiaires rémunérés. Il a inventé une histoire de Master pour faire croire à tout le monde que cela allait améliorer le niveau.
En quoi un master de philosophie ou de sciences physiques aidera un jeune maître à apprendre à un élève à mieux lire et à écrire ? En rien. Tout le temps perdu par l’étudiant à tenter d’arracher un Master, sera du temps en moins pour se préparer au métier de professeur.
Où êtes-vous parti en vacances cet été ? Et qu’avez-vous emmené en comme livre ?
Je suis parti dans le sud de la France pendant deux semaines avec mes petites filles. J’ai eu la chance de pouvoir relire des classiques. J’ai relu toutes les tragédies de Sophocle et les mémoires de Saint Simon qui racontent la cour de Louis XIV.
Et puis, je travaille actuellement sur un livre qui s’appelle « Les batailles du grand Louvre »*, et qui sortira fin septembre/début octobre. Pour pouvoir mettre un point a ce livre je dois donc compulser d’autres ouvrages.
« Attaquer l’actuel président de la république c’est facile. Le plus difficile est d’imaginer ce que pourrait être un programme nouveau. »
Si vous ne vous présentez pas aux prochaines présidentielles, y a-t-il un candidat PS vers lequel irait votre préférence ?
Je l’ignore. Je pense qu’il ne faut pas ouvrir prématurément cette campagne. La vraie question est de savoir aujourd’hui ce qu’un autre gouvernement serait capable de faire. Attaquer l’actuel président de la république c’est facile, le plus difficile est d’imaginer ce que pourrait être un programme nouveau.
Nous allons continuer cette interview « People-itique » en tentant de découvrir vos préférences. Nous allons faire un quizz où vous me répondrez rapidement le nom ou le titre que vous préférez.
Un animateur télé ? Serge Moatti. J’ai beaucoup regretté qu’il ait été écarté de la cinq.
Un livre ? Il y en a beaucoup mais je conseillerais vivement de lire Antigone de Sophocle. C’est très aisé a lire et encore très actuel.
Un film ? Je dirais la Belle et la Bête de Jean Cocteau.
Un lieu de vacances ? La Grèce.
Un sportif ? J’ai beaucoup soutenu Yannick Noah lorsqu’il était encore joueur de tennis. J’ai aussi trouvé brillantissimes les nageurs cette année. Malgré leurs erreurs, je trouve que Ribéry et Anelka sont de grands footballeurs. La liste est longue je pourrais encore continuer longtemps…
Pour finir, un président de la Vème république ? Sans aucun doute, François Miterrand.
* « Les batailles du Louvre » racontera comment a été le grand Louvre et en particulier comment a été créée la pyramide du Louvre qui, a l’époque, était très contestée.
Grégory Albert journaliste de PlanetePeople.com