Etat chronique de poésie 978

Publié le 24 août 2010 par Xavierlaine081

978

Au groupe Bratsch, de passage, une nuit

C’est rage au cœur que mes yeux se portent au firmament du poème.

Lui, là-bas, tout seul devant le vide noir d’un amphithéâtre de verdure, égrène quelques notes sur son violon de solitude.

A peine éclairée sous les rampes qui aveuglent la scène, un public de pacotille ne sait rien écouter et encore moins entendre.

Le voici qui s’agite, parle à haute voix pour ne rien dire que mièvres remontrances.

Les étoiles et mon cœur se couvrent d’une honte indicible.

Tant d’ignorance lovée aux pieds de cette estrade, où, seul, chapeau bas, calme et posé, tu clames la désespérance d’un peuple.

*

Alors, je quitte un instant l’espace obligatoire où côtoyer mes contemporains est torture infligée.

Mon âme vole en ces terres d’infini exil qui ne connaissent ni frontières, ni racines.

On nait au hasard de l’histoire, en un lieu.

Chaque heure en sa violence nous oblige à boucler nos valises et suivre le chemin.

Nul ne sait vers où nous porte ce cheminement.

Une seule chose nous obsède : nous voici, parias en ce monde de gueux sans esprits.

D’autres, bien plus miséreux que ceux-là, ont au moins la décence de se taire quand, enfin, nos bouches s’ouvrent pour dire la souffrance de nos peuples, sous le joug des tyrannies obscènes.

*

Je prends mon baluchon d’infortune.

Mes pieds savent mieux que moi le sentier à parcourir.

Je serai l’éternel exilé en ce monde sans dignité.

En des rives de splendeur, je vous attendrai,

Vous dont le cœur est encore irrigué

D’un soupçon d’humaine conviction.

.

Je vous confie la beauté en partage 

Mes pas montent vers des cimes de douceur

Je dormirai à l’ombre des rochers 

Mes yeux se reposeront sur les rives de lacs diaphanes 

Une eau lustrale viendra abreuver nos soifs 

D'avoir tant souffert en ce monde perdu

Eperdus nous resterons entre les bras du silence 

Nos pensées 

Alors

Libérées de toutes ces pesanteurs 

Voyageront à votre rencontre 

*

Je verrai

Dans la clarté d’un petit jour

Ta main s’offrir

En vasque de volupté

.

Le coton et la soie glisseront

Sur tes épaules de velours

Nous serons seuls sur le seuil

Buvant à cette source

Le nectar infini

De l’amour en partage

.

Manosque, 21 juillet 2010

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