23 ans de disettes pour la meilleure équipe du monde, voilà qui constitue une anomalie majeure du rugby majeure. Après tout, est-il normal que les "Brésiliens" du rugby n'aient remporté qu'une seule coupe du monde sur les six disputées depuis 2007 quand la référence auriverde a glané cinq trophées en dix-neuf éditions ?
Mais cette fois, c'est certain, les hommes de Graham Henry ne laisseront à personne le soin de gâcher la fête. Un fête qui plus est organisée en Nouvelle-Zélande.
Et c'est vrai que cette équipe impressionne. Le dernier Tri-Nations a donné l'impression d'une aimable promenade pour les coéquipiers de Richie McCaw. Impressionnants dans toutes les phases de jeu, les All Blacks ne semblent avoir qu'une seule (petite) faiblesse, sur le flanc droit de la mêlée. Ce qui pousse certains spécialistes néo-zélandais à militer pour le rappel du géant Karl Hayman, qui fait actuellement les beaux jours du RCT.
Indéniablement, les directives de l'IRB sur la mise en oeuvre de la règle "plaqueur / plaqué" ont non seulement été assimilées par les joueurs à la fougère, mais elles confortent leur système de jeu, fondé sur la récupération du ballon dans les phases de rucks et l'utilisation efficace des situations de contre-attaque.
Désormais, le ballon sort peu du terrain et la capacité de la troisième ligne à gratter le moindre ballon mal protégé apporte une quantité incroyable de munitions à une ligne d'attaque redoutable. Quand on voit désormais Ma'a Nonu jouer après contact et passer une balle qu'il aurait enterrée il y a quelques années, ou les remplaçants (Israel Dagg, par exemple) apporter autant à cette équipe que les titulaires, on se dit qu'on peut sans grand risque miser sur elle pour le titre suprême.
Il y aurait pourtant bien un petit bémol à apporter à cette idyllique tableau noir : visiblement, personne n'a prévenu Graham Henry et ses assistants qu'être prêt pour la Coupe du monde 2010 ne servira pas à grand chose...
Les mauvais esprits auront en effet remarqué qu'il est assez habituel pour les Blacks d'être dans une forme éblouissante un an avant l'échéance mondiale. Et que leurs adversaires en profitent pour préparer des plans de bataille efficaces pour en contrer les velléités de titres.
Cette fois, pourtant, promis juré, les Néo-Zélandais ne sont pas dans la même configuration. Et ce ne sont pas de prétendues protections arbitrales dont les Blacks peuvent se prévaloir pour surfer sur la vague du succès jusqu'en novembre 2011, mais bien de nouvelles aptitudes à gérer leurs matches, qui leur permettront de décrocher la timbale dorée.
On demande à voir. On ne souhaite pas la perte de cette équipe qui mérite de toute évidence de remporter le titre suprême. Mais tout est tellement bien huilé qu'il serait quand même étonnant qu'un grain de sable de vienne pas gripper un tant soit peu la belle mécanique...
Réponse en 2011 (et pas 2010, Graham Henry !).