On m’avait dit que Murielle Khamouguinoff était experte en matière de yaourts. Son livre me confirme que c’est LA spécialiste. J’ai compté presque 200 versions. Son imagination semble sans limites et il y a fort à parier que même si j’ai l’impression qu’il ne reste rien à inventer la prochaine réédition sera encore enrichie de nouvelles créations.
Car à coté des recettes qu’on pourrait qualifier de « classiques » comme les variations aux diverses purées de fruits et confitures il y a une foultitude de trouvailles vraiment différentes de ce qu’on a l’habitude de voir dans les rayons des supermarchés qui, pourtant, rivalisent d’originalité depuis quelques années.
Je serais chef de produit chez Danone que je contacterais fissa cette jeune femme avant qu’un concurrent ne la coopte. Je sais que la cuisine n’est pas son vrai métier mais elle saurait bien jongler avec les emplois du temps.
Que de oh et de ah de surprise et d’envie j’ai hurlé (que les voisins me pardonnent !) en découvrant son livre. Comme j’avais envie d’en finir … pour me précipiter dehors, acheter les ingrédients qui me manquaient et appliquer sans tarder ses bons conseils.
Las … il n’était encore que 7 heures du matin (les fidèles lecteurs savent que je lis aux aurores et que j’écris le soir ou la nuit) et les commerces étaient fermés. Tant qu’à patienter j’ai préféré attendre l’heure du déjeuner pour obtenir des fruits à bonne maturité (ils ne sont jamais trop murs quand on veut les cuire) à petits prix de fin de marché.
J’ai pris sans discuter les plateaux que le maraicher était prêt à me céder. Avec les 15 kilos que je ramène je vais avoir de quoi multiplier les expériences.
Murielle est une ménagère efficace. Jean-Pierre Coffe la féliciterait pour le classement de ses propositions réparties selon les saisons. Et quand elle vous suggère de faire des yaourts à la confiture de fraises (page 18) elle vous glisse juste en dessous la recette de la confiture de fraises. Pas besoin de chercher dans votre mémoire ou dans vos archives.
Si elle se risque dans la version yaourt aux macarons (page 56) … elle vous offre sa recette de macarons.Personnellement vu que les macarons faudra les mixer avec le lait je me verrais bien plaider auprès de mon pâtissier la fourniture de petits fours déjà cassés. Faudra que je sois diplomate pour qu’il ne pense pas que je lui fais le sketch de Fernand Raynaud.
Bon, y’a quand même quelques limites parce que la version aux langues de chat (page 33) s’exécutera sans filet mais c’est pas une tuile. Cela m’étonne tout de même qu’elle aille en acheter un paquet à l’épicerie alors que cela se prépare si facilement en un quart d’heure. Remarquez, personne n’est parfait … Donc si vous avez sous la main 2 blancs d'œufs et dans vos placards 100 grammes de sucre, 60 de farine et que vous pouvez faire fondre 60 grammes de beurre autant les réaliser vous-même : Battez rapidement les blancs d'œufs à la fourchette. Incorporez-y le sucre, la farine et le beurre fondu. Ajoutez une pincée de sel.
Étalez en petits bâtonnets sur une plaque antiadhésive (ou recouverte d’une feuille de papier sulfurisé) et faites cuire pas plus de 8 minutes au four à 120° (th 4), jusqu'à ce que les langues de chat soient juste dorées sur leur pourtour.
Il faut retenir sa façon de procéder (notamment page 55) en mixant des gâteaux (ceux qu’on aime ou qu’on a sous la main) avec un litre de lait, un yaourt entier nature et une cuillérée du sucre de sa préférence. Il n’y a sans doute pas de limites à l’étendue des possibilités, surtout si on varie le type de yaourt, qu’on joue avec les colorants ou les adjuvants alcoolisés ou pas. C’est à breveter.
Mais l’auteur a plus d’un tour de main dans sa yaourtière. La version fraise bonbon (page 21, photo ci-contre), au tapioca (page 31) au pralin maison (page 38) sont ultra-tentantes. Que dire encore de ce riz vanillé (page 105) ? Et de l’emploi de la pâte de pistaches (page 73) ? Moi qui regrettais d’avoir acheté une boite et de n’en avoir toujours rien fait avec … je sais ce qui me reste à faire.
Il y a de vraies autres trouvailles comme l’idée d’utiliser du thym citron (page 37) pour obtenir un goût citronné (l’acidité du jus de citron nuit à la prise du yaourt). Je crois que je vais employer de la menthe bergamote (je vous jure que cela existe) pour m’éviter les remarques désagréables que je reçois à chaque fois que je tente quelque chose avec l’essence de bergamote. Je vais pouvoir faire des yaourts à la nancéenne sans solliciter Murielle sur sa hot line.
Les versions salées ne sont pas moins inventives. Je suis allée de surprise en surprise : comme cette verrine tomate cerise-basilic (page 65, photo à droite) me fait envie ! Comme il me tarde qu’arrive le mois de novembre pour me lancer dans le verre au Beaujolais nouveau (page 80, photo ci-dessous) !Je sais ce que je vais dorénavant servir en guise de trou normand.
Les photos ont leur part dans la mise en appétit. Présentés dans de jolis contenants ces yaourts ont de la classe. Le souci sera (comme je le disais dans un précédent billet consacré à ma première expérience yaourtière) que les pots tiennent dans l'ustensile une fois fermé. Je pense que je vais devoir bricoler en calfeutrant une boite de carton isotherme d’une épaisseur supplémentaire de polystyrène (cela tombe bien j’en ai en réserve) pour avoir toute liberté de manœuvre et pouvoir du même coup produire en quantité non limitée. Il faudra aussi consacrer quelques dimanches à chiner, pourquoi pas de jolies tasses comme celles que j’ai vues à Chaumont-sur-Loire …
J’ai compris qu’il allait y avoir du boulot pour obtenir des résultats dignes de ce que fait Murielle mais en m’y mettant de suite je compte me présenter au diplôme de yaourtière d’ici Noël.
Yaourts , recettes sucrées et salées, de Murielle Khamouguinoff , chez Tana éditions, janvier 2010, 14,90 €
Je remercie l'éditeur de m'avoir autorisée à reproduire les photos ainsi que le texte de la recette aux macarons, que je n'ai pas su insérer en format pdf (plus lisible que la version jpg) et que j'enverrai en pièce jointe sur simple demande par courriel.