Quand j'avais six ans, mon papa m'a amené voir le premier volet de la trilogie. Ca m'avait beaucoup remué à l'époque. Je pensais vraiment que mes jouets allaient prendre vie au moment où je quittais ma chambre. Quand j'avais six ans, je passais mon temps à inventer des histoires rocambolesques avec mes jouets préférés. J'étais comme Andy, sauf qu'à la place de Woody, j'avais un renard en peluche : Rouquin.
Avant de quitter l'enfance pour l'adolescence, je suis retourné au cinéma avec mon papa, pour voir le deuxième volet des aventures de Buzz et Woody. Une nouvelle merveille, moins bouleversante, mais encore plus drôle et bien foutu. Seulement, c'était l'époque où j'ai commencé à délaisser mes jouets pour passer plus de temps avec mes amis, ma console vidéo et mes livres. Rouquin était toujours là, mais un peu dans l'ombre.
Aujourd'hui, j'ai vingt ans, et comme Andy, me voilà à l'université (bon d'accord, ça fait déjà deux ans). Aujourd'hui, j'ai amené mes petits frères voir l'ultime volet de la trilogie, avec une vraie excitation en entrant dans la salle. Malgré la 3D qui n'est rien d'autre qu'un gadget mercantile dont je me serais passé, j'ai passé un moment magique. Je suis retourné en enfance, tout en prenant conscience que ça y est, je n'étais plus un enfant. Tous mes souvenirs, toute ma mélancolie de jeune adulte est projeté dans ce film d'animation à la technique visuelle irréprochable et au scénario maitrisé du début à la fin, sombre et contemplatif. J'ai un amour immense pour ces personnages, une passion immense pour cette simple histoire de jouets.
Dès le départ, dès que j'ai entendu "You've Got a Friend in Me" par Randy Newman, un hymne gravé dans ma mémoire de gamin, j'étais ému. Après une heure d'éblouissement, de rires et d'aventures, me voilà à pleurer à chaudes larmes. Lorsque les jouets se donnent la main face à un mort certaine et lorsque finalement, Andy replonge en enfance et redonne vie une dernière fois à ses vieux compagnons, en passant la chandelle à une petite fille. Cette photo d'Andy gamin entouré de ses jouets, j'ai la même quelque part dans un vieux carton. Et j'ai repensé à toutes ces années, à mes vieux jouets qui désormais sont éparpillés au grenier, dans la chambre de mes petits frères, aux bonnes oeuvres. Tout ces vieux compagnons que je n'oublierais jamais.
Toy Story 3 est l'un des plus beaux films que j'ai vu cette année sur le grand écran. L'un des plus émouvants. Il m'a rappelé que mon âme d'enfant n'était pas qu'un souvenir et il a conclu un long passage à l'âge adulte. Entre le premier volet où j'avais six ans et le dernier, où me voilà à l'aube de la vingtaine et d'une nouvelle vie. De nouvelles ambitions, un nouvel appartement. Et toujours Rouquin, qui a fièrement repris sa place sur l'oreiller, vieux et fidèle compagnon qui s'occupera toujours de maintenir en vie mon âme d'enfant. Et continuer de me voir grandir, vers l'infini, et au-delà...