Je suis le peuple à mains nues,
Bras ouverts,
Ventre offert,
Baisé.
Je suis le peuple gorges sèches.
Ma voix se perd dans le ferraillement des machines.
Ma voix s'étouffe à grands coups de matraques.
J'ai peur.
Je suis le peuple pue la sueur.
L'huile s'incruste dans mes pores.
J'ai des angoisses marée noire
Mon âme enfouie sous la mémoire.
Je suis le peuple aux yeux vides.
Papillon je me brûle à la lampe.
Je jette quelques éclats ternis,
Pour tromper mon impatience de vivre.
Je suis le peuple poings fermés.
Ma violence est un cri de désespoir.
Ma violence est un chant d'amour.
Je veux vivre.
Je suis le peuple terre promise,
Encore en friche.
J'ai des racines sous le béton.
Je pousse,
Je contourne,
Et je n'attends que le printemps
Pour fleurir.
Années 1970