Nos enfants sont-ils des héros ?

Mercredi 11 août dernier, à 9h00, Laura Dekker jeune navigatrice néerlandaise de 14 ans a largué les amarres et est partie pour son invraisemblable périple en solitaire à l’assaut des mers du globe. Elle a quitté le port de Den Osse (Pays-Bas) à bord de son voilier blanc et rouge, baptisé « Guppy », vêtue pour l’occasion d’un pantalon blanc, d’un gilet et d’un tee-shirt noir (tout le portrait de Lucia….)

Tout commence il y a un peu plus d’un an, quand Dick Dekker demande une dispense scolaire pour sa fille Laura, 13 ans, le temps qu’elle réalise… un tour du monde à la voile en solitaire. La mairie de Wijk bij Duurstede (Pays-Bas) alerte alors les services de protection de la jeunesse. En octobre, la jeune fille est placée sous la surveillance du Conseil de protection de l’enfance.

La justice, qui estime que ce projet met en péril sa sécurité et son développement affectif, laisse néanmoins entendre que cette décision pourrait être levée en juillet 2010. Mais Laura, dont les plans sont contrariés, est une jeune fille aussi pressée qu’obstinée. Alors elle prend ses cliques et ses claques. En décembre, elle fuit la péniche où elle vit avec son père. On la retrouve trois jours plus tard à Saint-Martin dans les Antilles néerlandaises… où elle comptait s’acheter un voilier !

Puis en ce début d’année 2010, Laura décide de remplir les conditions demandées par la justice pour envisager un départ : « je crois rêver… »

• passer son brevet de premiers secours
• s’organiser pour poursuivre sa scolarité en mer
• apprendre des techniques de gestion du sommeil.

Conditions remplies, mercredi dernier, le tribunal de Middelburg lève la surveillance, considérant que ses parents portent la responsabilité finale…. Est-ce que l’on parle encore de responsabilité dans ce cas ?

« J’ai confiance en ses capacités », justifie Dick, son père, qui l’accompagne jusqu’au Portugal…. c’est-à-dire pour un premier voyage de trois semaines. Et ensuite, c’est parti pour un périple en solitaire, autour du monde, à 14 ans !

Après, ce sera le grand voyage en solitaire, qui la mènera deux ans durant de port en port. Retour prévu avant son 17 ^e anniversaire, en septembre 2012. « Je ne serai jamais seule plus de trois semaines », tente-t-elle de rassurer ceux, nombreux, qui évoquent un projet « insensé ».

Savoir bien naviguer et être débrouillarde, est-ce assez pour une aventure aussi dangereuse ?

En juin dernier, Abby Sunderland, une Américaine de 16 ans, a failli payer cher son audace. Cette jeune navigatrice en quête de record et de notoriété, elle aussi, a dû être secourue alors qu’elle dérivait dans l’océan Indien.

Laura, elle, ne s’inquiète pas : la voile, elle est tombée dedans toute petite. C’est d’ailleurs sur un bateau, lors d’un tour du monde de sept ans, que Laura est conçue.
Elle voit le jour le 20 septembre 1995 en Nouvelle-Zélande et passe les quatre premières années de sa vie sur un bateau.

A 8 ans, elle possède son propre voilier et sort seule en mer à partir de 11 ans.

Outre le facteur physique, le côté psychologique est fondamental. Supportera-t-elle la solitude ?

« Trois semaines seule à 14 ans sur un bateau, cela me semble inimaginable ! Et même si elle peut appeler sa maman tous les soirs au téléphone, est-ce que cela suffira ? »

Avant Laura, de nombreux autres adolescents, voire des enfants, ont eux aussi tenté des exploits sportifs ou battu des records. Passionnés depuis le berceau ou en mal de notoriété.

L’ambition de Laura c’est de battre le record du plus jeune navigateur en solitaire autour du monde, détenu depuis le 15 mai dernier par l’Australienne Jessica Watson qui, à très précisément 16 ans et 362 jours, a réussi à boucler un voyage sans escale et sans assistance. Et moi qui suis mort d’inquiétude lorsque Dino doit traverser la rue tout seul !

Les montagnes fascinent aussi les ados. Jordan Romero, 13 ans, est devenu le 22 mai le plus jeune conquérant de l’Everest (8 848 m), pulvérisant le record qui appartenait jusque-là à un Népalais de 16 ans. Ce petit californien n’en était pas à son premier sommet, puisqu’il avait déjà gravi les plus hauts reliefs d’Amérique (le McKinley, 6 194 m) et d’Afrique (Kilimandjaro, 5 895 m). Bon, c’est décidé, j’interdis à Lucia d’aller seule à Montmartre.

Bien entendu, je vais suivre le périple de Laura, et je me demande si je dois en parler à Lucia ? Et vous qu’en pensez-vous ?