David Abiker a été pris en otage par France Info

Publié le 23 août 2010 par Bravepatrie

Le fragile cessez-le-feu conclu entre le chef de l’Etat et les partenaires sociaux a été rompu au petit matin par la branche Sud de Radio France. En empêchant le départ d’un prisonnier de guerre qui devait être libéré aujourd’hui, les syndicalistes de l’audiovisuel public entament le bras de fer bien avant la date prévue du 7 septembre.
Le gouvernement a mobilisé toutes ses ressources pour venir en aide à la victime de cette inique privation de liberté. Il demande à la population de manifester son soutien le plus large afin de sauver l’innocent de la cruauté sanguinaire de ses ravisseurs.

Petite pluie et bourrasques indécises, un air de rentrée sinue entre les feuilles mortes du XVIe arrondissement. Alors qu’il franchit ce matin les portes de la Maison de la Radio pour la dernière fois, David Abiker est loin de se douter que la simple formalité va se transformer en cauchemar.
David, c’est une voix instantanément reconnue par des millions d’auditeurs. Subtilement nasillarde et enjouée, suivant Joël Collado de cinq minutes, elle voulait dire que nous devions filer à la douche si nous voulions attraper l’Uban de 7h54.

En arrivant sur le palier du troisième étage, David ne se doute pas encore que sa vie va basculer : l’ascenseur est en panne, mais il a l’habitude et il a su manœuvrer entre les flaques d’urine dans l’escalier plongé dans le noir. Quelques corps gisent ici et là, rien que de très normal un lundi matin. Il a même réussi cette fois à sauter par-dessus Jean-Pierre Gaillard en une fois, lui qui d’ordinaire ne le franchit que d’un triple saut.
Il remarque à peine les quatre hommes masqués qui l’attendent devant la porte de son bureau. A Radio France, on a pris l’habitude de cacher des bergers corses sans poser de questions. Tout ce qu’il veut, c’est récupérer la chaîne de trombones qu’il a oubliée en partant vendredi. A 3027 longueurs, elle lui rappelle que son séjour à France Info lui a permis de se dépasser.
David a le cœur léger : aujourd’hui, c’est la rentrée, et il embauche à Europe 1. Une consécration pour cet ancien cadre en ressources humaines qui avait vu se fracasser le conte de fées. Parti avec un 4x4 rutilant, une femme magnifique, des filles brillantes à l’école et des lunettes à deux plaques, David est un accidenté de la vie.
Emporté par l’enthousiasme général du début des années 2000, David quitte son travail pour rejoindre l’audiovisuel public. France 5 puis France Inter. Quand la bulle absurde de l’expression libre éclate, David reste sur le carreau.
Malgré un transfert à France Info, il ne retrouve pas le train de vie auquel il avait été habitué, et il se résigne à placer l’aînée dans le public.
Conscient qu’un sursaut est nécessaire s’il ne veut pas emmener sa femme au Quick samedi soir, ce qui ne devrait pas encourager cette dernière à se laisser culbuter sur la banquette arrière du 4x4 ensuite, mais c’est la dernière chance avant de devoir l’échanger contre une Scénic année modèle 2002, David prend tous les petits boulots qui se présentent.
C’est l’un de ceux-ci, une chronique psycho-sociale dans Marie-Claire, qui lui permet d’être remarqué par l’amant du pédicure d’Arnaud Lagardère. Celui-ci vit un drame terrible : il va bientôt devenir aveugle, et pour ce lecteur boulimique cela veut dire plus de chroniques psycho-sociales. Il fait alors jouer ses nombreuses relations et fait engager le talentueux auteur par Europe 1.

Cette nouvelle inespérée survenue au plus creux de l’été ne fait pas que des heureux parmi les collègues de David : jaloux de voir l’un d’entre eux échapper à la fange dans laquelle ils s’ébattent depuis des années, une poignée de syndicalistes décident de se servir de son succès pour pallier leur légendaire fainéantise.
Ils l’attendent, masqués, devant son bureau pour l’enlever.
Rançon exigée : une dix-septième semaine de congés payés. Mais ils sont prêts à négocier et à descendre à deux jours de RTT pour sa dépouille.

David appelle au secours, mais dans les couloirs de Radio France les quelques passants font comme si de rien n’était, baissent la tête et rasent les murs.
Sous couvert d’anonymat, un stagiaire du service boursier s’en explique un peu plus tard : « Je peux rien y faire. Je touche 417 euros par mois et je dois un million cinq-cent mille barils de Brent à Charline Legris, je peux pas tout bousiller maintenant. »
Les journalistes établis, eux, sont plus prolixes. Frédéric C., correspondant permanent loin des remous de la politique radiophonique française, se veut rassurant : « Banzaï ! Il a de la chance de s’être fait attraper par Sud plutôt que par la direction. Y en a qu’on n’a jamais revus. Bukkake ! »

A l’Elysée, on prend cette atteinte au droit de travailler dans le privé au sérieux, d’autant plus que David Abiker a beaucoup de followers sur Twitter.
En l’absence du chef de l’Etat qui laisse pousser ses poils au Cap Nègre, c’est Claude Guéant qui assure l’intérim : « Ne paniquons pas. L’ultimatum des rebelles de France Info expire en fin de semaine. Nous avons bon espoir de résoudre la situation d’ici-là, et nous espérons que David Abiker sera dès lundi prochain sur une radio qui fait du bénéfice et contribue à la croissance. »
Mohamed Saeed al-Sayaf, adjoint du porte-parole adjoint de l’UMP, lui-même en vacances en famille au Paraguay, souhaite ouvrir le débat sur les circonstances de cet enlèvement : « Il y a clairement eu des complicités dans la hiérarchie. Il est temps de faire cesser l’hypocrisie : nous ne pouvons pas laisser les trotsko-fascistes agir impunément au cœur de notre système de communications. L’UMP propose par conséquent de durcir la loi : les directeurs des chaînes audiovisuelles publiques doivent être nommés par le président de la République, comme aujourd’hui, mais en short cycliste. »
Une importante évolution législative que le Conseil des Ministres devrait étudier dès la semaine prochaine.

En attendant, la population se mobilise pour obtenir la libération de notre compatriote.
David Abiker est toujours retenu par France Info. Nous ne t’oublions pas.