Revel, Isère, le 6 avril 07
Il y a des moments de combat, d’autres de résignation. Surtout ne pas montrer ce sentiment de défaite qui me gagne certains jours, quand le monde entier, blogosphère comprise (n’est-elle donc vouée qu’à refléter les égoïsmes et les égotismes qui minent le monde depuis trois mille ans me dis-je parfois), quand le monde entier, oui, semble courir à rebours des certitudes que la vie, l’amour et les voyages m’ont chuchotés.
C’est dans le combat qu’on éprouve le mieux la suprême beauté du monde.
Le combat, ce n’est pas l’affrontement, pas plus que la sagesse n’est renoncement. Combattre pour un monde meilleur, c’est se convaincre d’abord soi-même chaque jour de l’indépassable poésie qui nous surplombe – et se laisser frôler par elle, comme une femme amoureuse au premier instant où elle ose. La hardiesse, la grande liberté contemporaine, c’est apprendre à s’ouvrir aux joies silencieuses, les plus précieuses maintenant que nous en connaissons la rareté : dans l’étoile de givre qui s’attarde sur la vitre, dans la fuite rousse d’un goupil en maraude, dans l’éraflure secrète de l’écorce du frêne. Il n’est de meilleur psychanalyste que le vent dans la ramée, ni de plus fidèle confidente que la langue d’écume sur le sable. Le sentiment de s’accorder avec le monde, de vivre en lui, inspire une force, une exultation qui n’ont d’écho que dans le sourire et l’étreinte.
C’est ce combat, la défense de la beauté, la promotion du vivant, qu’il nous faut tâcher de mener, et tant qu’il nous sera donné la force, la vérité d’aimer les autres. Joyeux Noël à toutes et à tous.