Je vous invite à lire l’interview de Ségolène Royal paru dans Le Parisien. Voici quelques extraits ci-dessous :
Que répondez-vous à Brice Hortefeux qui, dans «Le Monde», s’en est pris à la «gauche milliardaire» ?Ségolène Royal : De qui se moque-t-il ? Je rappelle qu’il y a actuellement un clan au pouvoir qui utilise l’Etat à des fins personnelles et au profit d’un groupe de milliardaires bénéficiant du bouclier fiscal et des distributions de légions d’honneur. Tout accrédite la suspicion d’un trafic d’influence au profit des milliardaires financiers de l’UMP régulièrement réunis par Nicolas Sarkozy, Eric Woerth et Brice Hortefeux. Sur ces malversions, il n’y a toujours pas d’enquête ni de juge d’instruction, ce qui serait inimaginable dans n’importe quelle autre démocratie. Vous pensez que les déclarations de Nicolas Sarkozy sur la sécurité visaient à faire oublier ces affaires ? Il fallait en effet d’urgence faire diversion ! Concernant les Roms, je rappelle que Nicolas Sarkozy avait déjà promis lors d’une déclaration à l’Assemblée nationale le 10 juillet 2002 de supprimer tous les campements illégaux. Ceux installés depuis cette date relèvent donc de sa responsabilité ! La mise en scène des migrations de la misère vise à camoufler l’échec économique et sécuritaire du pouvoir. Je ne tomberai pas dans le piège d’une polémique sur le sujet car c’est tout l’objectif recherché. Chaque fois que la gauche dénonce la «politique sécuritaire» de Sarkozy, ce dernier marque des points. J’affirme que sa politique n’est en rien sécuritaire. Au contraire, elle produit de la violence. La preuve : les agressions sur les personnes ont massivement augmenté depuis huit ans. Les propositions du PS ne tardent-elles pas à venir ? Oui. C’est parce qu’il y a, admettons-le, plusieurs lignes au sein du PS J’avais fait des propositions très claires lors de la campagne présidentielle sur la sécurité durable et l’ordre juste. J’évoquais notamment la nécessité de prévention, avec l’encadrement scolaire des jeunes, l’importance de donner des moyens à la police et la justice pour agir contre le grand banditisme et enfin le besoin d’une alternative à la prison pour les mineurs délinquants. Je souhaite que le PS reprenne mes idées, les approfondisse et que ce ne soit pas la ligne laxiste qui l’emporte. Votre proposition d’encadrement militaire des jeunes délinquants avait naguère fait polémique au PS… Ce qui se passe aujourd’hui prouve pourtant que j’avais raison. Les Français ont besoin de sécurité, notamment au moment où ils sont durement frappés par la précarité économique. Le PS doit reprendre mes propositions. C’est une nécessité car les jeunes qui sont mis en prison ressortent plus enragés que quand ils s’y sont rentrés. Il y a eu en trois ans plus 50 000 condamnations par les tribunaux qui n’ont pas pu être appliquées, faute de structures adaptées. Au lieu de fermer les régiments comme le gouvernement le fait actuellement, il faut repenser l’utilisation de ces lieux d’éducation et d’encadrement pour permettre aux jeunes de se remettre sur les rails. Pourquoi dites-vous que les propos du président desservent les entreprises françaises ? Pourquoi le contrat Mistral pourtant annoncé par Nicolas Sarkozy a-t-il été annulé par les Russes (NDLR : Le président s’était félicité d’ un accord avec Moscou pour la vente de deux navires de guerre construits en partie aux chantiers navals de Saint-Nazaire) ? Je ne vois plus un seul chef d’Etat ou de gouvernement qui défende l’action et les déclarations du président de la République française. S’il continue, cela va finir par se retourner violemment contre les Français et les entreprises françaises. Jusqu’alors, elles étaient bien positionnées dans les pays émergents à forte croissance, mais la méfiance est en train de monter. Il est urgent que la France retrouve sa dignité et son rayonnement international gravement mis en cause aujourd’hui par le comportement immoral de l’actuel président de la République. Vos relations sont-elles désormais apaisées avec Martine Aubry ? Oui car j’ai le sens des responsabilités, malgré la gravité de ce qui s’est passé au Congrès de Reims. La gauche peut gagner en 2012 si elle est unie et si elle est capable de construire un projet qui redonne une espérance et qui tire la France vers le haut. (La suite à lire dans le Parisien)