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Le cheptel le plus velu et le plus nombreux

Publié le 23 août 2010 par H16

À l’approche de la rentrée et alors que les effets de la crise continuent de se faire sentir malgré les vigoureuses protestations über-optimistes de Lagarde, les tergiversations du gouvernement ne peuvent plus durer : les faits et les chiffres sont têtus, et il faudra bien trouver de l’argent pour boucler le prochain budget en essayant, cette fois-ci, de ne pas exploser le précédent record de déficit à 150 milliards. Ça ferait désordre. Nécessité de trouver de l’argent, baisse des revenus : les choix sont donc cornéliens.

Surprise. Stupéfaction. Étonnement. Tout semble pointer vers une hausse des impôts ou des taxes ! Zut et zut, les sarkozystes sont refaits. Les autres aussi.

Pourtant, tout allait bien en Sarkozie en 2007 : les déficits n’étaient pas encore trop important, la croissance affichait encore un taux décent, à force de faire tripoter ses chiffres par les doigts experts des fiscalistes et autres comptables nationaux, et l’avenir semblait presque rose.

Las : avec ces cons de ‘ricains qui ont tout cassé le système avec leurs méchantes subprimes, les vilains capitalistes turbo-libéraux pas assez régulés ont flanqué par terre la belle croissance du pays ! Rapidement, le chômage a grimpé, les déficits sociaux ont explosés, et les rentrées fiscales ont dégringolé. Et les gloussements incantatoires de Lagarde n’y ont rien changé : l’argent ne rentre plus dans les caisse de l’État.

Comme la rigueur est un mot tabou, comme les politiques qui visent à diminuer la masse salariale de l’État sont évidemment skandaleuses et poOopulistes, comme de surcroît, un pays qui est le phare du monde moderne a des frais de représentation, on sent que le pari d’un retour à l’équilibre budgétaire (jamais tenté ni approché en 30 ans) n’est pas pour demain. Si l’on ajoute la promesse elle aussi pas du tout poOopuliste de l’absolue certitude d’une stabilité des impôts, on en déduit que les marges de manoeuvres sont de plus en plus illusoires.

Pour faire bonne mesure, il faudra donc raboter les niches.

Et là, le gros blob mou qui sert d’excuse à une vraie opposition ouvre un oeil encore chargé d’un sommeil lourd pour s’écrier : « Supprimer les niches, c’est augmenter les impôts ! »

Et il faut avouer qu’ils n’ont pas tort, les vieux débris de l’ancien parti d’opposition, le Parti Socialiste : supprimer ainsi pour 10 milliards d’euros de niches fiscales, c’est, de facto, accroître les rentrées d’argent de l’Etat et faire donc peser le prélèvement sur ceux qui bénéficiaient de ces niches… dont font partie pas mal de ces socialistes qui chouinent un peu en cette fin de mois d’août.

Voilà qui est, sommes toutes, comique. Il ne faudrait pas oublier en effet que les niches et autres boucliers fiscaux sont pourtant dans la ligne de tir des socialistes depuis un moment, et ce revirement brusque, sur le refrain du « Les classes moyennes vont prendre cher, tsoin tsoin » ressemble plus à une n-ième manoeuvre politico-politicienne qu’une réelle volonté d’ouvrir un débat sur les impôts en France.

En effet, il y aurait fort à dire sur ce chapitre, et il y aurait fort à faire en matière d’opposition si l’on avait un programme, des idées claires et un minimum de bon sens ; ce dernier étant généralement englué dès qu’apparaissent de forts conflits d’intérêts ou les collusions avec la politique du capitalisme d’état franco-français, on comprendra qu’en réalité, il s’agit surtout pour le PS de vociférer son opposition, histoire de s’opposer. En réalité, si l’on voulait vraiment un impôt juste et efficace en France, il faudrait réduire drastiquement le code des impôts, véritable maquis juridique où les mauvaises plantes, les bosquets infranchissables, les herbes folles et les déserts arides s’en donnent à coeur joie pour offrir au contribuable tous les moyens possibles de périr desséché, abandonné au milieu de la garrigue fiscale.

Non seulement, il faudrait supprimer toutes les niches, mais il faudrait aussi rendre parfaitement limpide le calcul de l’impôt pour que tout citoyen sache exactement ce qu’il a à payer, sans avoir à se fier aux bonnes grâces des calculs abscons des services fiscaux de son pays. Pour le moment, personne ne sait exactement quel sera le montant de son impôt à l’euro près. Mieux : d’une trésorerie générale à une autre, les conseils dans le remplissage d’une déclaration varient du tout au tout, avec des résultats sensiblement différents en terme de paiement final.

Un exemple simple de fiscalité claire pourrait passer par l’utilisation d’une flat-tax, dont l’utilisation a prouvé à plusieurs reprises (ici ou là par exemple) que son fonctionnement assaini les finances de l’état et rend la vie de contribuable beaucoup moins insupportable.

La fin de l’opacité totale et rébarbative du calcul de l’impôt entraînerait aussi la nécessité de la fin de l’insécurité fiscale complète dans laquelle sont plongés des millions de personnes et des centaines de milliers d’entreprises en France, dans la plus parfaite indifférence des socialistes de gauche auto-proclamés et des socialistes de droite honteux. Dans le plus total mépris des principes juridiques de base, une loi fiscale peut ainsi être rétro-active, modifiant fondamentalement les décisions des assujettis, pour des résultats parfois dramatiques.

À ce sujet, les gémissements socialistes et les velléités anti-niches du gouvernement actuel illustrent fort bien le bourbier général dans lequel les contribuables doivent se mouvoir : on chuchote maintenant avec de plus en plus d’insistance que ce sont les épargnants qui vont à leur tour faire les frais des recherches intensives de fonds par l’équipe en place.

Le fin limier Baroin, reniflant de son tarin entraîné qu’il y avait moult pistulons planqués sous les matelas, a joué sur le registre du « Ne vous inquiétez pas, tout ira bien mais penchez-vous tout de même en avant et toussez un bon coup. »

Autrement dit, on ne veut pas déstabiliser l’épargne, mais l’assurance-vie (principal placement d’épargne des Français) va trinquer, ainsi que les revenus de capitaux mobiliers.

Pourtant, d’autres solutions (en plus d’une refonte massive des codes fiscaux) existent, comme une diminution notable des dépenses de l’État.

Zut et rezut encore, en lisant les articles de presse sur le sujet, on se rend compte que notre Baroin et le gouvernement derrière lui s’emploient avec de grands mouvements de jambes sveltes de ballerines froufroutantes à masquer l’absolue indigence des mesurettes rikiki qu’ils envisagent entre deux petits fours gobés à la va-vite.

On y découvre ainsi une stagnation des dépenses de l’État (au lieu d’une baisse, effective), et encore, une stagnation « hors charge de pension et de dette« , qui explose, ce qui veut dire que les dépenses continuent leur ascension intersidérale. Nous approchons des limites du système solaire, moteurs à fond.

On se surprend à lire que ce petit monde compte supprimer 100 000 postes dans la fonction publique … (ce qui est déjà fort peu), et le faire en … trois ans ce qui frise le franc foutage de gueule. Vu le contingent de personnes émargeant dans les fiches de salaires de l’état, on peut même dire que les départs volontaires, les accidents et les disparitions naturelles et habituelles doivent à peu près correspondre à ces chiffres, pathétique démonstration de l’absence totale de toute gonade dans tout ce ramassis de clowns emperlousés à nos frais. Quant au gel du point d’indice des fonctionnaires en 2011, il fait rire tout le monde puisqu’il va probablement déclencher moult grèves qui ruineront le pays au moins autant que si l’on avait augmenté les pauvres bougres comme d’habitude.

Le cheptel le plus velu et le plus nombreux

Bref : du flan.

Du flan qui sera cependant distribué généreusement, en attendant la suite, et avec optimisme, comme Baroin le dit lui même : « …les investisseurs ont confiance en nous. Ils savent que nous avons de grandes ressources à notre disposition telles qu’une épargne parmi les plus élevées en Europe. »

Ceci peut se traduire ainsi : nous avons le cheptel le plus velu et le plus nombreux.

La tonte s’annonce excellente.


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