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Un siècle religieux?

Publié le 22 décembre 2007 par Jlhuss

C’est André Malraux qui prédisait un XXIème siècle “religieux” … “ou ne sera pas” ajoutait-il … Il semblerait que cette “provocation verbale” de l’époque puisse connaître un semblant de réalité si l’on en juge par les évolutions récentes des discours et des prise de position impossibles encore il y a peu.

On a en tête la radicalisation belliqueuse d’une partie du monde islamique s’élevant au rang de défenseur des opprimés. Voilà maintenant les propos de personnalités politiques ayant chez nous disputé la phase finale de l’élection présidentielle, sans oublier bien sûr, l’émergence au plus haut niveau de l’Etat aux USA, des “chapelles” de la rigueur chrétienne déclinée dans la diversité habituelle à ce pays, mais ou la surenchère n’est pas absente. Nous ne parlerons même pas des sectes variées qui déplacent les foules et remplissent leurs comptes en banque, et des “prédicateurs” isolés et hystériques. Paumés dans un monde brutal qu’ils ne comprennent plus, des hommes et des femmes de plus en plus nombreux appellent les “officines” à leur secours en dehors de la sphère privée. Je n’y vois pas le signe d’une évolution positive mais c’est ainsi. Jusqu’où et jusqu’à quand?  

Nicolas Sarkozy a été reçu jeudi au Vatican par le pape Benoît XVI pour une audience consacrée à la situation internationale, avant d’aller prêcher en faveur d’une “laïcité positive” à Saint-Jean-de-Latran. Il loue une laïcité “mature” en décorant les “origines chrétiennes” de notre histoire.

“La foi chrétienne a pénétré en profondeur la société française, sa culture, ses paysans, sa façon de vivre, son architecture, sa littérature …

Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes. …

Pour autant, il n’est plus contesté par personne que le régime français de la laïcité est aujourd’hui une liberté : la liberté de croire ou de ne pas croire, la liberté de pratiquer une religion et la liberté d’en changer, de religion, la liberté de ne pas être heurté dans sa conscience par des pratiques ostentatoires, la liberté pour les parents de faire donner à leurs enfants une éducation conforme à leurs convictions, la liberté de ne pas être discriminé par l’administration en fonction de sa croyance. …

La laïcité n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n’aurait pas dû. Comme Benoît XVI, je considère qu’une nation qui ignore l’héritage éthique, spirituel, religieux de son histoire commet un crime contre sa culture, contre ce mélange d’histoire, de patrimoine, d’art et de traditions populaires, qui imprègne si profondément notre manière de vivre et de penser. …

C’est pourquoi nous devons tenir ensemble les deux bouts de la chaîne : assumer les racines chrétiennes de la France, et même les valoriser, tout en défendant la laïcité, enfin parvenue à maturité. Voilà le sens de la démarche que j’ai voulu accomplir ce soir à Saint-Jean de Latran.”

Dans un des sous-chapitres de son dernier livre Ségolène Royal aborde très directement les questions religieuses au travers des critiques qui avaient pu lui être adressées pendant la campagne électorale et provenant le plus souvent de son propre “camp”.

“On a beaucoup glosé tout au long de la campagne sur le prétendu côté christique de mon attitude. … Il est vrai, je le reconnais, que certaines de mes expressions n’étaient pas communément répandues dans le jargon politique. … Il y eu aussi la visite à Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille qui a fait beaucoup jaser. Sauf à Marseille où la Bonne Mère ne fait pas de distinction entre les croyants et les mécréants. …

Oui, j’ai reçu une éducation chrétienne et je l’assume. Je pense qu’avoir appris la méditation, le retour en soi-même, la force qui déplace les montagnes, l’amour du prochain, n’est pas inavouable. … Etre dans la vérité de soi, c’est aussi aider les autres à l’être. Et c’est donc une des fonctions, des missions, du politique. …

Mais que voulons nous donc, nous, les socialistes, quand nous parlons de limiter les rapports d’argent et de faire tomber les murs de domination sinon de pouvoir s’aimer, un peu mieux, les uns et les autres? …

La parole religieuse est une parole à côté des autres. Je ne veux pas l’ostraciser? Ni la tenir à distance. Quand j’y trouve une inspiration, je n’ai pas peur de m’y référer.”

Les deux finalistes de la dernière campagne présidentielle ont décidémment bien des points communs, le premier étant, en bousculant parfois, souvent, les anciens tabous et lieux communs, de sentir les évolutions. Ils n’utilisent pas ensuite cette perception de la même manière, chacun l’adaptant au langage codé de son prétendu “camp”. L’effort de communication sur des thèmes autrefois évités, c’est le deuxième point commun, est du même ordre et la recherche de la médiatisation de ces questions, tout autant obstinée.

Et si Malraux avait raison ? …

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