Le rêve américain, de Duane Hanson à La Villette

Publié le 23 août 2010 par Onarretetout

On sort de là assez déprimé. Sans doute, les techniques de Duane Hanson forcent l’admiration. Précision, goût du détail, c’est comme si c’était vrai (mais c’est vrai !), comme si c’était vivant (mais ce n’est pas vivant !). Certains se penchent pour saisir quelque chose, un regard… Mais c’est justement ça, l’insaisissable dans cette exposition : le regard. Tous les yeux sont comme perdus dans le vide. Tristes, mélancoliques, fatigués, sans perspective, sauf peut-être cette Queenie (en bleu derrière la vitre sur la photo), la seule qui ne soit pas réduite à une fonction (les autres sont vendeur de voitures, vieux couple sur un banc, étudiant… Elle a un prénom), la seule dont le regard ne soit pas tourné vers le bas. « Y a rien qui se passe », chante ailleurs Allain Leprest. Les personnages sont des représentations, mais ils sont vêtus des mêmes vêtements que les visiteurs (même si la mode change), ils sont assis sur les mêmes bancs, les mêmes chaises, que les visiteurs, ils tiennent les mêmes outils, conduisent les mêmes tondeuses à gazon, s’appuient sur les mêmes échafaudages… C’est notre monde. Pas seulement américain. Ordinaire. L’ordinaire n’est pas fait que de tristesse, mais ici, il y a tellement de solitude. On pourrait même croire que cet enfant qui dort dans sa poussette a été abandonné.

Je vous invite à aller voir le blog de Dandylan, qui a pu prendre des photos (et qui m'autorise à en reproduire une ici). J’ai visité cette exposition quelques jours avant la fin, il y avait des cordons autour des œuvres exposées, ce qui modifie certainement l’impression qu’on en a.

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