Rien [Ou Si Peu]

Publié le 22 août 2010 par Sagephilippe @philippesage

Tu vas voir, qu’à ce train-là, ils vont nous le ratiboiser et pas qu’à moitié, le pays, et avec lui, les esprits ou ce qu’il en reste. Ah, ça décanille sec, ça élague, ça démantèle, quelle maestria ! Non, vraiment, j’en suis baba (aux Roms ...) ! Bravo les gars ! C’est du grand art ! Bettencourt et sa clique, Woerth et son cloaque, finis ! Adios ! ... Quant au pouvoir d’achat, la France d’après, celle qui se lève tôt – tu t’en souviens, dis ? – cette France de propriétaires et du plein-emploi, niquée ! Oubliée ! ... Parce que, sais-tu quoi ? Tu n’es pas en « sécurité » ! Pas assez ! Et si tu crois l’être, on va t’enfoncer dans le crâne, et à coup de massue s’il le faut, que non, bordel de merde, « tu-n’es-pas-en-sécurité » ! T’as compris ? ... Et qu’on s’amuse à dire le contraire et vlan ! Te voilà relégué dans la division des « bien-pensants » ! ... Hein ? ... Quoi ? ... Que dis-tu ? ... C’est quoi un « bien-pensant » ? Mais j’en sais foutre rien, mon pote ! Logiquement, c’est l’inverse d’un « mal-pensant » ! Non ?
Or, donc, il ne faut pas, c’est exclu, dans cette France-là, « bien penser » ! Et d’ailleurs, il ne faut plus penser. Du tout ! Si tu penses, qui sait ? Demain ou après-demain, tu t’en irais, peut-être, péter un truc, une vitrine, une école, un système ... Une caténaire ... Police-menottes-prison pour ta pomme, ah comme il va morfler le sale mec, l’ultra-gauchiste ! Terroriste, va ! ... Alors non, ne pense pas malheureux ! Evite ! Prends ta dose quotidienne de Drucker, de Reichmann, de Dechavanne. Bouffonne-toi l’existence ! Ivre-toi de téléconne ! Icône donc les Pujadas, les Chabot, les Chazal et autres Ferrari ! Ça c’est de l’info, coco ! Made in Guéant from Elysée ! Son taff à cet ostrogoth, c’est de filer chaque jour que Sarkozy fait, un os à ronger. A l’AFP ! A Reuters ! Au JT ! A tutti quanti qui se prétend journaliste ! Et ensuite, c’est la curée ! Haro sur le Rom ! Le musulman ! Le pas-de-chez-toi ! Le métèque ! Ce scélérat, ces crapules qui veulent ta peau, ton blé, ton boulot ! Mais si ! ... Vois comme ils sont armés jusqu’aux dents, et pas de la petite dent de lait ! Ah ça non ! De la bonne grosse dent, aiguisée et finement ! Qui sait, s’ils n’iraient pas jusqu’à bouffer nos gosses ! Oui, comme autrefois, les communistes ! C’est de la même espèce, de la même race, sans foi, ni loi, des parasites dont il faut, manu-militari se débarrasser et pour quoi ? Pour ton bien, ton bien à toi, et celui de la nation ! Nation chérie, allons enfants de la patrie ! Il faut expulser ces malfaisants, et plus vite que ça ! ... Parce que, bien évidemment, tu es d’accord ! Nous sommes TOUS d’accord ! La preuve, c’est qu’on ne dit rien ! Que dalle ! Notre cul, on le bouge pas ! Affalés chez nous, à pondre des textes, du kleenex, à regarder passer les trains et quelques putains d’avions, ceusses qui raccompagnent « dignement » (oui « dignement » car je te rappelle que la France n’est assurément pas un pays de sauvages ; on accueille et on expulse avec le maximum d’humanité, nom de Dieu !) ces brutes, ces racailles, ces miséreux qui menacent notre tranquillité, le « vivre ensemble ». Le nôtre, bien entendu ! Ça, tu l’as bien compris ! « Vivre ensemble » certes, mais pas avec n’importe qui ! En tout cas, pas avec « eux » ! La France, elle est aux Français ! Aux français d’abord ! Les autres : dehors ! ... Sacré programme, n’est-ce pas ? ... J’irais même jusqu’à dire que c’est foutrement « bien pensé » ! A croire que là-haut, dans ce qu’on nomme assez judicieusement « le château » on se fait et copieux des infusions vendéennes, De Villiers dans ta boule à thé ! On se shoote au Le Pen ! Même que, on doit sniffer du Mégret, des lignes de Bruno, ça c’est de la came de compète, MNR certifié ! Y’a pas mieux sur le marché ! …
... Ah, bordel ! Mais qu’est-ce t’as donc dans le cervelet ? Tu ne la vois donc pas la manip’ ? L’entourloupe ? La fumisterie ? Tu crois qu’après tout ce ramdam, tu seras plus en « sécurité » qu’hier ? Non ! Bien sûr que non ! Parce qu’il y aura toujours un bouc émissaire ! Te bile pas, va, on t’en trouvera, et à la pelle ! Ils te les désigneront ! Et comment ! Et tu marcheras, comme aujourd’hui ! ... Applaudissements ! ... Parce que dès qu’on te cause de « sécurité » tu plonges et recta ! Tu ferais n’importe quoi pour te sentir EN « sécurité » ... Et ils le savent ! Peu leur chaut que la première des sécurités ce soit un emploi ET un toit ! Pourvu que ça ramène de l’électorat ! Du tondu, du meuh-meuh, du qui regarde le doigt, jamais la Lune ! Un doigt qui pue, tellement il se l’est gratté, le cul ! ... Oui, tu verras, y’aura toujours un salopard d’étranger, né sur ton sol français, qui mettra en péril TA « sécurité » ... Y’a bon le filon ! ...  Aujourd’hui le Rom, hier encore le musulman, comme jadis, tu te souviens, le juif ! ... Et pendant c’temps-là, où qu’il passe, le pognon ? Tu te la poses, cette question ? Parce que du pognon, sais-tu, y’en a ! A foison ! La France, c’est pas le Bengladesh, mon pote ! C’est un pays qui respire le blé, l’artiche, les pépettes, mais toi, moi, on n’en verra pas la couleur ! Et tu sais pourquoi ? ... Parce que pendant qu’on expulse, qu’on raccompagne, qu’on rafle, le pognon, lui, il circule. Elle est là, l’entourloupe ! La fumisterie ! Et voilà comment on se fait mettre, et bien profond ! ... Quoi, la crise ? .... QUELLE crise ? ... Mais ça fait 30 ans qu’on est en plein dedans ; TRENTE ANS ! Et tu crois que le pognon, il s’est fait la malle dans cet intervalle ? Bien sûr que non ! Même que t’as un indice : les salaires ... Pas les nôtres, Dugland ! Non, ceux de nos dirigeants, les compétents, plein les fouilles qu’ils s’en mettent ! Ah, ils doivent se marrer, et grassement, quand leurs poteaux, ceusses du « château » nous remettent le sketch bien huilé de la « sécurité » ! Doivent se taper sur les cuisses, les mecs ! Tiens, j’suis même prêt à parier qu’ils appellent le Woerth pour le convier à la fête ! Le Woerth, le Santini, le Balkany, l’Estrosi, enfin bref, toute la bande ! Tout le gang ! ... Et donc ?
Et donc rien !
RIEN !
Continuons comme ça, restons bien sages, chez nous, à nous offusquer mollement, à ne RIEN foutre, à laisser faire. Continuons à marcher du pied gauche – paraît que ça porte bonheur – dans la merde « sécuritaire ». Continuons à faire semblant de ne pas comprendre. De ne pas voir. Laissons-les ratiboiser ce pays, ce fantôme, le peu d’esprit qui l’habite. Après quoi, rien, définitivement, il n’y aura plus RIEN.
Pas même l’idée du chaos.