Salah al Hamdani revient vers nous avec Le Balayeur du désert, publié aux toutes nouvelles éditions Bruno Doucey. Des poèmes traduits de arabe et d'autres écrits en français. L'auteur évoque de nouveau l'épouvantable régime de Saddam Hussein qui a laissé en lui une plaie béante. " Tenez, voici les charniers de Saddam et en prime les os des camarades et leurs crânes en vrac dans un ballot". Et il ajoute : " Je ne sais ce qui perdure. " C'est que Salah al Hamdani sent dans son corps et dans son encre une autre prison, celle de l'exil lui-même. " Captif de mon exil", "Piégé dans mon exil", écrit-il cependant que " la lune oubliée flotte à la surface du fleuve " ou qu'on [l'assassine dans un lavoir].
Il y a dans cette dernière livraison une émotion qui foudroie le lecteur, tout à la fois prise au souffle des mirages sur le fleuve et dans le halètement des chevaux fourbus de silence. Il y a, même après la mort du tyran, les rêves éperdus de la mère restée avec la guerre et ses petits sacs de vie remplis de tickets de rationnement. Il y a, aussi, le possédé qui résiste encore à ses geôliers, l'enfance qui n'abdique pas et veut "regarder la lune se tromper de chemin" car " il faut être comme Lorca le plus grand des poètes" pour combattre les assassins en pleine lumière.
Les poèmes en arabe ont été traduits par l'auteur et Isabelle Lagny, elle-même poète.