J'aimais pas le dimanche soir.

Publié le 22 août 2010 par Pjjp44

J'aimais pas le dimanche soir. C'est sans doute banal  de dire ça, et j'imagine qu'on est tout un tas de gens à penser la même chose,  ou presque.Enfin, pour moi, c'était avant, quand j'étais dans ma version enfantine et que le lendemain qui s'écrivait vulgairement : LUNDI,  annonçait  sans  fanfare mais angoisse,  un  retour à l'école et des retrouvailles avec des personnages inquiétants, moches  et hurleurs que l'on appelait en ce temps là- maîtres ou maîtresses- comme dans un film de série B  ou Z... sauf que.. dans ce temps-là, le fouet et autres châtiments corporels ça ne faisait vibrer que des tortionnaires en blouse ...J'aimais pas le dimanche soir , surtout à l'approche de septembre parce qu'il y avait cette odeur  si particulière dans l'air qui me disait en douce mais avec insistance qu'il allait falloir bientôt retrouver une classe, n'importe laquelle... elles se ressemblaient toutes dans leur morosité,  où pendant presqu'une année je subirais  la médiocrité et les flatulences d'un préposé à l'éducatif  chargé d'amertume et de vous dégoûter presque à vie du savoir et  surtout de l'envie d'apprendre, du moment qu'il pouvait transformer ses éventuels  scrupules en  chèque de  fin de mois. J'aimais pas le dimanche soir, mais...  à l'heure qu'il est, je n'en suis pas bien fier non plus...parce que les coups de griffe dans le bois du  casier  du bureau à deux places, que l'on charcutait en douce , pour ruminer la révolte à coup de compas, à  coup de ciseaux, à coup de larmes retenues...ils ont fait des rides et des petits qui savent que ce n'est  surtout pas comme cela, que l'on prend plaisir à connaître, à découvrir les merveilles du monde, à s'instruire en s'amusant, en jouant, en partageant...L'école qui prépare à la vie! ben tiens... mais  de quelle  vie s'agit-il? celle des carpettes, des collabos, des lisses et formatés ou alors celle de la révolte, du doute, de l'impertinence et de la liberté de penser?j'aimais pas le dimanche soir et il m'aimait pas non plus...Aujourd'hui, sans doute que  je me suis fait une raison, je fais comme si, je fais comme ça mais au fond tu sais...j'en mène pas large quand-même, parce que je sais bien que l'autre...il va encore revenir  me fracasser sa grande règle jaune sur la tête parce que je n'ai rien compris à son problème de maths et que...j'aurais tant voulu lui dire un jour qu'il avait pas le droit de faire souffrir les autres sous prétexte que lui il était sans doute très malheureux  et aussi gris que sa blouse,mais quand même...