William-Adolphe Bouguereau (1825-1905), Temptation
« Car le temps, en définitive, ne guérit toutes les blessuresqu'en s'alliant à l'oubli. »Katharina Hagena nous livre ici un grand roman sur le thème du souvenir et de l’oubli. Katarina Hagena est née en 1967. Spécialiste de l'oeuvre de Joyce, elle a enseigné la littérature anglaise et allemande au Trinity College, à Dublin, et à l'université de Hambourg, où elle vit toujours.
Le goût des pépins de pommes, Der Geschmack von Appelkernen, traduit de l’allemand par Bernard Kreiss.
Anne Carrière Editions
ExtraitAu fur et à mesure que sa mémoire devenait plus courte, on lui coupa les cheveux plus court. Mais les mains de Bertha continuèrent, jusqu'à sa mort, à faire les gestes qui étaient ceux d'une femme aux cheveux longs.
Puis vint le moment où ma grand-mère se mit à déambuler dans le jardin en pleine nuit. Cette habitude s'installa tandis qu'elle commençait à oublier le temps. Elle continuait à savoir lire l'heure, mais elle avait perdu la notion du temps. Au coeur de l'été, elle portait trois combinaisons l'une sur l'autre ainsi que des chaussettes de laine et devenait ensuite à moitié folle de rage parce qu'elle transpirait exagérément. A l'époque, elle n'avait pas encore oublié que les chaussettes se mettent aux pieds. Mais elle avait commencé à ne plus faire la différence entre le jour et la nuit. Elle se levait au milieu de la nuit et partait se promener. Auparavant, lorsque Hinnerk était encore en vie, il arrivait déjà à Bertha d'errer dans la maison à l'heure où tout le monde dormait. Elle le faisait parce que le sommeil la fuyait. Mais ultérieurement, elle se mit à déambuler dehors parce qu'il ne lui venait même plus à l'esprit qu'elle aurait dû dormir.
Une atmosphère légère, un roman tendre et agréable à lire. Un grand coup de coeur pour ce goût des pépins de pomme,
dernière lecture pendant mes vacances londoniennes.
Khatarina Hagena, Photo © HENRIK SPOHLER