UTMB, me voilà...

Publié le 22 août 2010 par Pascal Boutreau

Voilà donc le programme des réjouissances pour le prochain week-end. Vu comme ça, ça fait peur... en vrai... c'est pire ! Chamonix-Chamonix, via Courmayeur en Italie et Champex en Suisse, 166 km, près de 10 000m de dénivelé positif et donc 10 000m de ces put*** de descentes, le tout à boucler en moins de 46 heures. Départ : vendredi 18h30. 

Le sac est prêt, les chevilles et genoux sont rasés en prévision des strappings qui s'additionneront probablement au fil des heures (je veux bien souffrir mais le supplice de l'élasto qu'on retire sur les poils, ça, c'est inhumain !), bref, y a plus qu'à se lancer dans ces montagnes, dans cette aventure...

Dans la dernière news j'évoquais ma lassitude et mon impatience à en finir. L'impatience est toujours là mais elle a changé de nature. Aujourd'hui j'ai hâte d'en découdre, hâte de savoir et d'aller affronter cette montagne. Le stress (ça me fait bizarre d'employer ce mot car c'est un sentiment que je ne connaissais pas trop jusque là) a fait place à la faim ! La faim d'émotions, de paysages, de vibrations, de rencontres sur les sentiers. La faim de sensations nouvelles, la faim de partir à la découverte d'un monde intérieur inconnu jusque-là et de savoir ce qui se passe après, de voir ce qu'il y a derrière, une fois que l'on a poussé la porte de ce que l'on croyait être ses limites. Je ne sais pas si je suis prêt physiquement (j'ai même de sacrés doutes là-dessus), mais je suis prêt à ça !

Voici donc le plan A

Vendredi 18h30, c'est parti. Emotion immense de se retrouver là. Instant magique. Un seul mot en tête : PROFITER de ces minutes avant d'entrer pour de vrai dans la course.

Les premiers kilomètres sont plats. Trottiner archi tranquillement. Le maître mot est désormais : GERER. De toute façon, si je veux avoir une chance d'aller au bout, je vais devoir jouer avec les barrières horaires en espérant que ce ne soit pas elles qui jouent trop avec moi. je passe sur les détails, mais l'idée est d'arriver aux Chapieux, première zone de vie après 50km, en bas de la Croix du bonhomme, entre 4 heures et 4 h30 du mat (la barrière est fixée à 6h15). 

Direction le Col de Seigne et donc le passage en Italie. Le passage n'est pas trop trop difficile puis descente vers le Lac Combal. La barrière est à samedi 10 heures, l'idée serait d'arriver vers 8 heures pour ensuite attaquer la montée du Mont Favre. Arrive ensuite mon cauchemar depuis le repérage : la descente vers Courmayeur. Très pentue, technique avec des grandes marches qui tuent les cuisses. Etant une quiche totale en descente, si je ne veux pas me flinguer, je vais devoir être ultra prudent et gestionnaire dans ces parties. Courmayeur... Barrière fixée à 13h15. Avec la descente à gérer, je vais perdre un peu de temps. Si je repars vers 11h30 - 12 heures, ça sera pas mal... Tout au long du parcours, penser à s'alimenter, boire, remettre de temps en temps de la nok pour éviter les ampoules et essayer de s'étirer de temps en temps notamment en bas des descentes quand les quadris sont en feu. Et lutter contre la tentation d'abandonner, contre la lassitude de monter, descendre, monter, descendre (dans son livre "En avant, route" où elle évoque son expérience sur la route de Saint-Jacques de Compostelle, Alix de Saint-André écrit joliment: "toutes les montagnes sont russes. Y compris les Pyrénées espagnoles". ça marche aussi pour les Alpes...) (merci Béné pour le livre).

Un seul mot d'ordre: S'ACCROCHER. Monter refuge Bertone, compter environ 1h20 en partant du pied. Jusqu'à Arnuva, ça déroule... Puis montée vers le grand Col Ferret, "sommet" de l'UTMB et passage en Suisse. Là, je ne connais pas ayant zappé le passage lors du repérage. Ce sera la surprise. Si tout va (encore) bien ou plutôt pas trop mal, j'espère être à La Fouly vers 21 heures (barrière à 23 heures). En route pour la seconde nuit. Besoin du renfort de Pink, Robbie Williams, Ben l'Oncle Soul et de tous leurs potes avec l'Ipod économisé jusque là. Passage à Champex vers 1 heure du mat. J'en ai marre mais j'en suis à 122km et ce serait dommage d'arrêter là... même si la tentation est grande. Je ressors alors le petit carton où j'ai écrit quelques lignes supposées me conduire au bout... Le jour se lève. J'ai franchi Bovine et ses 500m de dénivelé redoutés par tous, pas après pas. J'ai mal partout mais ça va le faire. Depuis des heures, je me vois en train de franchir cette put** ligne d'arrivée, ce couloir humain qui vous fait la fête. Je repense à tous les encouragements, à plein de personnes, à tous les gros qui vont voir que c'est possible (à chacun ses combats...).  Obsession, arriver à Vallorcine avant 11h45. Il parait que tous ceux qui repartent de Vallorcine vont au bout. Col des Montets puis Tête aux vents, le soleil frappe fort, mais les bouquetins croisés sur le sentier semblent m'encourager. Dernière descente, Chamonix est en vue. Dimanche, 15h45, je l'ai fait ! Je peux mourir... 

Le plan B : ben y en a pas...Il faudra faire avec le plan A... Rendez-vous dans une semaine pour les news.

Pour ceux que cela intéresse, il y aura la possibilité de suivre ma course sur le site de l'épreuve. Mon dossard est le 2050. Au passage, deux autres camarades du Meudon triathlon seront au départ, Vincent Noël (3487) et Vincent Desfossez (4083). Sur l'UTMB, une grande pensée aussi pour Cécile Bertin alias Barbie (dossard : 4343), Gaël Couturier, ancien Meudonnais finisher de l'EmbrunMan il y a deux semaines en un peu plus de 16 heures (dossard : 907), et pour Super Maria Semerjian (n°3013), rencontrée avec grand plaisir lors du stage Ultrafondus et qui va tout casser. Idem pour Fredrik Holmgren (n°2369) qui viendra de Suède, Marie Scrive (n°2852), Etienne Wey (2626) et Jeff Walser (n°3383), eux aussi présents lors du stage ! Du côté des cadors qui tenteront de contrecarrer les plans de l'extraterrestre Kilian Jornet Burgada (n°1), je suivrai avec attention les performances de Thomas Lorblanchet (2027) qui sera également couvé par sa maman Christine que je remercie ici de tout coeur pour son soutien. Un oeil bienveillant aussi pour Sébastien Chaigneau (n°2), deuxième l'an dernier et qui m'a accompagné depuis plusieurs mois pour mes chroniques sur lequipe.fr et pour Vincent Delebarre (n°2002), guide ô combien sympa fin juin lors du repérage. 

Sur la TDS (110km), une grande pensée pour Super Copine, alias Pauline Filet, ma camarade de jeu sur quelques épreuves comme la Saintélyon et coéquipière du COTS Tours, mon club de course d'orientation (dossard : 8743) et à son acolyte Emmanuel Pardon (8416). Pensée aussi pour Mami Kofuku (n°8349,  la photo) venue spécialement du japon et dont la joie de vivre lors du stage de repérage nous a tous épatés. Idem pour Patrice Henry (8210), camarade de souffrance dans la catégorie "lourds" et avec qui je partage l'idée qu'un bon entraînement ne peut s'achever que par une bonne glace.

Côté matos, en plus de mes dix kilos en trop (là, j'ai bien merdé sur ce plan là... ), je partirai donc avec mes Adidas Supernova, cuissard court, maillot noir L'Equipe (un peu de pub au passage pour l'AS Running L'Equipe), et bien sûr ma casquette adidas streetball qui me suit depuis près de vingt ans dans toutes les grandes courses (offerte à l'époque par une jolie Stéphanie de chez adidas, j'ai décidé que ce serait ma casquette porte-bonheur). En plus des bâtons , côté sac à dos, j'aurai le Raidlight, avec à l'intérieur, une poche à eau de 2l, des manchettes, vêtement technique chaud, veste très légère en Gore-Tex, bonnet, gants, matos de sécurité (sifflet, couverture de survie,...), petite pharmacie (élasto, aiguille pour percer les ampoules, compeed, quelques médocs de base, pommade Nok contre les échauffements). Pour la nuit, la Petzl Tikka XP éclairera ma route. Pour l'alimentation, gels Long Time MX3, des barres Fruity MX3 et de la poudre énergétique MX3 pour le bidon que j'aurai en supplément. Je ne suis pas fan de ces trucs mais c'est indispensable je crois... A priori, on a un ravitaillement par l'organisation toutes les 4-5 h maxi. Je prévois donc deux gels ou barres entre chaque ravito.  Le sac déposé à Courmayeur comportera de quoi faire la deuxième partie, un sandwich au jambon, quelques merdes au chocolat pour le moral et quelques affaires sèches au cas où la météo ne soit pas clémente (scénario que je n'envisage pas bien évidemment...)

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Tant que je suis encore capable d'écrire, je remercie vivement celles et ceux qui ont eu la gentillesse de m'encourager, de me convaincre que "oui c'était jouable" (et il fallait être drôlement persuasif) ... mention très spéciale pour Béné, Barbara, Christine, Agnès, très présentes depuis plusieurs semaines. Merci à Joël là-bas à La Réunion, merci à Mamzelle Peg et Steph, Sabine, Virginie, Nelly, Pauline et plein d'autres (quelques mecs aussi... si, si..). Je ne sais pas ce que cela donnera sur le terrain, si je saurai pousser ces portes de la volonté, ces portes de mes mes limites que j'évoquais plus haut. Mais ces pensées seront précieuses et m'apporteront soyez-en certain(e)s une incroyable énergie. Elles permettent de réaliser ou de se souvenir que malgré le côté très individuel et même très "intérieur" d'une telle épreuve, c'est aussi, comme disent les sportifs : "un travail d'équipe".

Il parait que ce n'est pas le but qui est le plus beau mais le chemin qui y mène. Grâce à votre présence, ce chemin, long, a été drôlement beau, riche et instructif. Merci.