Je me détruisais savamment,
Alcool et cigarette :
Je vivais rarement.
Je m’interdisais de rêver,
De tisser des histoires,
Et de chanter de la musique envenimée
D’espoirs percés.
Je l’ai trouvée jolie comme un chagrin.
Moi, qui mêlais l’amour avec l’ordure
Je fus confus, confondu… Confiant ?
Je voulus tout recommencer, tout romancer.
Dès lors, l’autre n’existait plus.
Je voulus tout recommencer.
Je l’inventais profonde
Et ma pensée féconde
Tressait sur ses bras minuscules
Des caresses tremblantes,
Des baisers ridicules.
Je voulus tout recommencer.
Et je relus
Les Lamartine, les Musset,
Ses lèvres dansaient dans ces vers mièvres,
J’époussetais mon passé poussiéreux,
Je la rêvais mélancolique,
Triste au possible.
Je voulais l’amuser,
Pantin, je lui écrivais sur la peau
Ces mots d’amour
Que je croyais, pour moi, à jamais corrompus.
Je lui rechantais mes chansons.
Absente ?
Je me rongeais les ongles,
Je devenais cinglé
Et j’apercevais dans la glace
Les sangles du passé.
Je redécouvrais la nature :
Ces couchers de soleils que je trouvais idiots,
Et, d’un air satisfait je regardais là haut
Seul, dans ses bras chétifs, les étoiles luisantes.
Je voulus la décrire
Et je l’ai regardée des heures,
Je l’ai regardée rire
Et je l’ai regardé dormir
Mais je n’ai pas su la décrire.
Elle était jolie comme mon chagrin
Et son chignon à ses cheveux
Lui donnait un air enfantin…
Depuis que je l’aime je sais
Etre avec elle malheureux.