La bataille des retraites n’est que le début de la guerre contre le travail !

Publié le 22 août 2010 par Ttdo

La rentrée s’annonce chaude. Gouvernements, syndicats, partis politiques, mouvements et associations fourbissent leurs armes avant la bataille des retraites.

Mais du côté des partisans de la retraite à 60 ans les armes sont parfois d’un métal corrompu, celui de la bataille des chiffres où chacun se perd et y perd son âme en acceptant d’aller sur le terrain où l’adversaire veut l’entrainer.

Choisissons notre terrain en ayant en tête que ce n’est pas une simple bataille qui s’engage mais une guerre. Une guerre des idées politiques, terrain déserté par beaucoup de ceux qu’exaspère un monde dominé, détruit par le tout économique et le tout financier.

Et cette guerre des idées elle est à mener contre un ennemi bien précis. L’idée du travail comme moyen d’émancipation. Ce le fut, et c’est encore le cas à titre individuel ou pour des catégories de la population rejetée de la sphère publique. Mais toute autre activité humaine menée avec et devant les autres aurait pu et pourrait jouer ce rôle.

Par contre le travail est devenu, avec son complément indispensable la consommation, la plus solide des chaînes. La plus solide parce qu’instrument même de notre servitude nous en faisons un objet de convoitise.

Regardons ce que des siècles de travail ont produit sur le monde. Sur le monde, l’artifice humain qui relie et sépare les hommes, qui les protège des forces destructrices de la nature, et non sur la Terre. Le monde a litéralement été dévoré par le processus du travail, la seule activité humaine qui se répète indéfiniment. Les objets même les plus durables sont devenus des biens de consommation jetables et périssables de plus en plus rapidement. Les forces de la nature ont été oubliées et les logements, par exemple,  construits sans tenir compte des règles de bon sens que respectaient les générations précédentes. Les institutions,les organisations, les lois ont été mises au service de ce moloch moderne et n’assurent plus la sécurité nécessaire à l’existence des humains à la fois isolés et entassés.

Oublions les faux débats, les faux ennemis. Faisons sauter le premier des verrous, celui du travail. La situation s’y prête. Le système lui-même expulse du travail de plus en plus de personnes dans les pays qui en ont « profité » les premiers à travers la révolution industrielle. On parle même, au niveau mondial, de génération perdue sans se rendre compte de l’indécence de cette appellation déjà utilisée pour celle des poilus de la première guerre mondiale. Génération perdue pour l’esclavage moderne, mais génération sauvée pour donner un sens à la vie et refonder un monde durable où  tous dans notre condition partagée d’humains et dans notre singularité et notre pluralité nous puissions vivre et agir ensemble.

La bataille des retraites, dans ce sens, est importante puisqu’elle vise à défendre un droit acquis difficilement : celui de sortir des chaînes du travail pour enfin vivre et agir en toute liberté et solidarité. Mais ce n’est qu’une bataille. N’ayons pas peur de prendre le risque de la perdre en la déplaçant sur un terrain où nos adversaires ne veulent surtout pas nous voir aller : celui de la remise en cause du tabou politique majeur de notre temps, celui du travail comme valeur centrale de nos sociétés.

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