Résumé : Les Expendables sont une unité d’élite travaillant pour leur compte. Aucune mission n’est impossible pour ces mercenaires, du moment que la paye est bonne. Mais le jour où ils sont engagés pour éliminer le dictateur d’une petite île d’Amérique du Sud et que Barney Ross s’attache à la fille rebelle de celui-ci, le job devient beaucoup plus personnel…
Les voies des critiques sont parfois impénétrables. Alors que depuis la mise en chantier de son nouveau film, Stallone annonçait clairement son envie de réaliser un pur film hommage au bourrines eighties, c’est précisément ça qui lui est reproché par certains critiques. Et c’est d’autant plus agaçant lorsque ces mêmes critiques piaffaient d’impatience justement à cause de la note d’intention du film.
Donc non, The Expendables n’est pas le Last Action Hero de Stallone, même si celui-ci glisse régulièrement quelques pointes d’autodérision (voir l’excellente scène rassemblant Stallone, Schwarzenegger et Willis). The Expendables est un hommage aux Commando, Portés Disparus, Rambo 2 et autres bandes musclées des années 80, fleurant bon la testostérone, où le scénario prétexte voyait les gentils défourailler des armées entières de méchants sans transpirer et en balançant une punchline toutes les dix minutes. Donc ici les méchants sont très méchants et martyrisent la population d’une petite île, les gentils attaquent à 5 la demeure du dictateur et réussissent à eux seuls à dessouder l’armée de 200 hommes de celui-ci. Certes, cela entraîne le film plus sur les sentiers du plaisir coupable que d’une analyse introspective de Stallone sur le genre qui lui a amené la gloire, mais cela n’en fait pas pour autant un mauvais film.
Car Stallone est un réalisateur généreux, et il offre au spectateur ce qu’il lui avait promis, à commencer par un casting de folie plutôt bien exploité. Stallone et Statham se voient certes accordés la part du lion, secondés par un Jet Li un peu en retrait, mais tous les acteurs ont leur instant de gloire et leur combat dédié. Il est d’ailleurs très appréciable de constater que le réalisateur a pris à cœur de donner à chaque personnage un minimum de personnalité (même si certains sont réduit un peu à des archétypes) et une technique de combat différente. On passe donc des prouesses martiales de Jet Li aux techniques de catch de Randy Couture et Steve Austin, en passant par le style bourrin et « rentre dans le lard » de Stallone (qui assure dans les scènes d’action malgré son âge), sans que le mélange paraisse incongru. Seul petit bémol, le montage parfois à la limite du trop cut empêche de pleinement apprécier les capacités des combattants (en particulier lors du jouissif affrontement entre Jet Li et Dolph Lundgren). Et ce qui fait plaisir à voir, c’est que l’alchimie est palpable entre les acteurs : les punchlines claquent régulièrement et touchent juste, et l’amitié virile est là, ce qui participe d’autant plus au plaisir du spectateur. Stallone parvient même à donner un cœur à son film au détour de quelques scènes plutôt émouvantes, comme cette scène intimiste où Tools (joué par le grand Mickey Rourke) pousse son pote Barney (Stallone) à pour une fois s’impliquer émotionnellement dans sa mission pour ne pas perdre son âme.
Tout juste pourra-t-on reprocher certaines longueurs dans la première partie, ainsi que quelques effets assez moches (certaines explosions puent le numérique dépassé). Mais rien que pour le défouraillage final d’une durée impressionnante, le film vaut le coup d’œil. Stallone reprend le style sanglant des batailles de John Rambo (ça tranche vraiment dans tous les sens), en ajoutant un côté rigolard qui fait mouche. Les bastons homériques s’enchaînent sans temps morts (notamment un impressionnant mano a mano entre Stallone et Austin), et les idées marrantes pullulent (les balles explosives de Terry Crews, qui font exploser les bad guys dans de sympathiques gerbes de sang).
The Expendables n’est donc certainement pas le film d’action de l’année, et ne laissera probablement pas un souvenir impérissable (mis à part pour son casting de fou), mais c’est un divertissement honnête et jouissif, qui fait parfaitement revivre l’esprit bourrin des glorieuses 80’s. Et c’est tout ce qu’on lui demandait !
Note : 7/10
USA, 2010
Réalisation : Sylvester Stallone
Scénario : Sylvester Stallone, Dave Callaham
Avec : Sylvester Stallone, Jason Statham, Jet Li, Dolph Lundgren, Terry Crews, Randy Couture, Steve Austin, Mickey Rourke, Eric Roberts, Charisma Carpenter, David Zayas, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger