Présentation
Le site du barrage de situe à Kérou au nord du Bénin. Sa particularité est d'être un point d'eau qui ne tarit jamais, même au plus fort de la saison sèche. La valorisation des terres entourant cette mare surcreusée est possible grâce au développement du maraîchage. (voir articles précédents).
Une activité complémentaire au maraîchage a été mise en avant: la pisciculture.
La pisciculture est le secteur de production alimentaire qui croît le plus vite dans le monde; elle fait vivre 250 millions de personnes. En 1980, à peine 9% des poissons provenaient de l'élevage, aujourd'hui, 44%. Dans les pays ACP [Afrique, Caraïbes, Pacifique], la pisciculture demeure toutefois un secteur sous-développé, particulièrement en Afrique dont la contribution à la production mondiale est négligeable (0,16%).[1]
Méthode
A Kérou, la pisciculture est extensive. Des bassins d'alevinage ont permis il y a plusieurs années la croissance de silures et de carpes qui ont ensuite été transférés dans le barrage.
Les poissons se nourrissent des éléments nutritifs qui se trouvent dans le point d'eau; il n'y a pas d'apport de complément.
La pêche a lieu presque tous les ans.
Relations Jardins/Pisciculture
Le site du barrage est surveillé nuit et jour pour éviter les vols de légumes et de poissons. En limitant la pêche illégale, le gardiennage préserve les ressources halieutiques.
Les berges sont nettoyées tous les ans par les hommes et les femmes qui jardinent au barrage. Enlever les plantes aquatiques des bordures limite l'envasement du point d'eau et évite donc la diminution du volume maximal d'eau. Le potentiel de production est conservé.
Au début de la saison des pluies, le volume d'eau du barrage qui avait diminué à cause de la sécheresse, augmente de façon spectaculaire. Une partie des terres cultivables est inonvée et est, par la même occasion, enrichie par le dépôt de limons. La prochaine campagne de maraîchage profitera de cet enrichissement naturel du sol.
La pisciculture offre de nombreux avantages, surtout pour les petits producteurs. C'est une option lorsque les cultures ne sont plus rentables. Elle peut se combiner avec d'autres activités agricoles dans une union idéale. Les résidus de cultures maraîchères et même les excréments de volaille et de porc peuvent servir à nourrir les poissons qui, en retour, peuvent être incorporés dans les aliments pour bétail. Le sédiment des bassins et d'autres sous-produits servent à fertiliser les sols. Selon John Moehl, responsable de l'aquaculture au Bureau régional de la FAO pour l'Afrique, "l'avenir de l'aquaculture en Afrique repose sur notre capacité à soutenir le développement des petites et moyennes entreprises aquacoles." [2]
La ferme Sain (Solidarités agricoles intégrées) est installée dans un village de la commune d'Adjohoun, au sud-est du Bénin (Ouémé Plateau), où Pascal a acheté progressivement depuis 1999 un bloc de 14 hectares dont la moitié en bas-fonds. L'exploitation pratique un système de production intégré qui associe productions végétales (riz, maïs, manioc, maraîchage, canne à sucre, fruitiers), productions animales (lapins, volailles, escargots) et pisciculture; le recyclage des déchets et sous-produits permet de n'utiliser qu'un minimum d'intrants (très peu d'engrais, pas de pesticides). Les productions de l'exploitation sont soit autoconsommées, soit commercialisées sur le marché local ou régional. [3]
La pêche à Kérou
La pêche est un moment toujours très attendu par la population. La mission catholique, à qui appartient le barrage, organise la pêche. Elle enrôle des pêcheurs et réalise le plus souvent 3 jours de pêche au filet.
La production en 2008 a été de 300kg et silures et de 400kg de carpes. C'est la plus grosse production de la région.
Il a fallu limiter la quantité de poisson vendue à chacun car la production n'est pas suffisante pour satisfaire les besoins de la population de
Kérou. D'autant plus plus que l'arrivée de l'électricité en juillet 2007 a permis l'équipement en frigo et congélateur des ménages les plus aisés. Il devenait donc possible de stocker une belle quantité de poissons frais.
Habituellement, c'est du poisson fumé qui est consommé tout au long de l'année.
Relire l'article sur la pêche à Kérou à la page 7 du numéro 2 de Kérou bouge!
Ce qui se fait ailleurs
À Badara, un des nouveaux quartiers de Kinshasa, pas loin de l’aéroport international de N’djili, de jeunes Kinois pratiquent une méthode d’élevage simple et sans frais : les “puits à poissons”. Ils creusent des trous de 5 m sur 5 et de 1 m de profondeur le long de la rivière Ntsangu. Ils relient ces puits à la rivière par un petit canal de 3 m de longueur et 30 cm de largeur, qu’ils ferment au bout d’une semaine par des brindilles, le temps de capturer des poissons.
Pendant trois mois, ils élèvent ces poissons et d’autres prélevés dans diverses rivières de la capitale et les alimentent trois fois par semaine avec les restes végétaux et animaux qui leur tombent sous la main : feuilles de manioc, son de maïs, déchets de volaille ou de poissons, voire excréments de porc. Les puits sont ensuite asséchés et les poissons recueillis (jusqu’à 100 kg par puits). La vente du poisson a permis à certains jeunes de démarrer un commerce ou de se lancer dans la petite pisciculture. Cette méthode simple n’exige pas de fonds, mais de la volonté et de la disponibilité. Elle attire à présent des jeunes d’autres quartiers. [4]
La pisciculture est une façon très rentable d’exploiter des surfaces de taille limitée. Au Nigeria, les producteurs élèvent des poissons dans des bassines plutôt que dans des étangs. Au Cameroun, où le manque de terre est un gros problème, un projet sur cinq ans mené par le Worldfsh Center a montré que la pisciculture était une option profitable pour les petits paysans qui vivaient de l’agriculture sur brûlis. L’agriculture a été combinée avec la pisciculture, laquelle utilise les résidus agricoles. En 2005, au bout de cinq ans, 870 étangs fournissaient 14,4 t de poissons par an pour le marché urbain de Yaoundé. [5]
À Madagascar, beaucoup de paysans ont l’habitude d’empoissonner leurs rizières en carpes. [6]
Sources
[1] CTA (Centre technique de coopération agricole et rurale). L’argent des migrants, une richesse à valoriser. Spore, 2007, n°132, p.8. ISSN 1011-0054.
[2] CTA, ref 1
[4] CTA (Centre technique de coopération agricole et rurale). Produits alimentaires, les prix flambent. Spore, 2008, n°134, p.3. ISSN 1011-0054.
[5] CTA, ref 1
[6] CTA, ref 1, p.9
Pour en savoir plus
Des revues
Traverse n°32 – Sylvain Halftermeyer - Groupe Initiative - Construire un réseau de producteurs ruraux autourd’une nouvelle production - L’exemple du Projet Piscicole de Guinée Forestière (PPGF)
Des sites web
Association Pisciculture et Développement Rural
Ferme agro-piscicole d’Esse au Cameroun
Ressource thématique d’Inter-Réseaux
Ressource thématique de Ritimo
Réseaux de Recherche en Aquaculture Durable en Afrique Sub-saharienne
Nicolas MARTIN