Et une de chute ! Depuis deux mois et le départ de l’affaire Bettencourt-Woerth semaines et jours se suivent et se ressemblent : une révélation sinon deux ou trois en même temps qui plombent davantage la défense fort peu crédible du ministre du Travail… Certes, les liens d’Eric Woerth et de sa femme avec le monde des affaires – sans jeu de mots – ne sont pas nouveaux. Sans même remonter aux liens étroits de Florence Woerth avec le monde des courses hippiques et par ce biais, des paris sportifs qui a retenu notre attention quelque temps – et expliquait sans nul doute la cession d’une partie non négligeable de la forêt de Compiègne à l’hippodrome de cette ville pour une bouchée de pain eu égard au prix normal – François Sionneau révélait le 30 juillet 2010 dans le Nouvel Observateur Affaire Woerth : un bien petit monde… que Sébastien Proto, dircab’ d’Eric Woerth est l’ami d’Antoine Arnault et que le fils de Bernard Arnault – fort intéressé au demeurant par la manne des paris en ligne ! – avait pour beau-père… Patrice de Maistre dont tout le monde se souvient qu’il est le gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt et avait engagé Florence Woerth pour s’occuper de ce dossier…
Cette fois, selon le Monde c’est un conseiller – officieux - d’Eric Woerth qui est mis en cause pour ses liens avec le monde des affaires. Eric de Sérigny est ami avec Xavier de Maistre et s’il se défend d’avoir demandé la légion d’honneur pour celui-ci il reconnaît toutefois «avoir soutenu sa candidature, comme d’autres – des noms ! – car il la trouvait justifiée»… Je suis toujours stupéfaite par la faiblesse de ces subtils distinguo sémantiques, tout juste bons à enfumer les gogos.
Or, ce conseiller – n’apparaissant pas dans l’organi-gramme du ministère du Travail – non plus que dans celui du Budget où il sévissait déjà depuis 2007 à titre bénévole – aurait pour tâche «d’assurer des relations économiques avec des chefs d’entreprises de ses amis»… On imagine l’influence qu’il peut avoir sur la réforme des retraites ! Porte-parole des intérêts bien compris du Medef…
Mais cette énième affaire va nettement plus loin. Il aura beau prendre la précaution d’affirmer «qu’il n’y a strictement aucun problème de déontologie, bien sûr, avec mes activités professionnelles» qu’il soit permis d’en douter. Encore faudrait-il qu’il sache ce que morale, éthique et déontologie veulent dire.
Eric de Sérigny est en effet mis en cause dans le dossier de l’usine Molex à Villemur-sur-Tarn, fermée en septembre 2009 après 11 mois de lutte du personnel. Une polémique avait éclaté fin 2009 lorsque Eric Woerth avait donné son aval au licenciement des représentants syndicaux de Molex – malgré l’avis contraire de l’inspection du travail…
Or, Sérigny travaille pour Athéma - société en investis-sement financier – qui a «collaboré avec les avocats de la direction de Molex dans ce dossier sur lequel le ministère du Travail devait intervenir»… Juge et partie : son sens de la déontologie ne doit guère lui couper l’appétit ni le faire rougir de honte lorsqu’il se regarde dans la glace le matin !
Les salariés de Molex apprécieront… Pour l’instant, c’est Martin Malvy – président de la Région Midi-Pyrénées - qui monte au créneau et se déclare «très étonné» - traduire furieux car rien ne nous étonnera désormais de ce pouvoir des riches pour les riches. Il souhaite que soient «mis sur la table le rapport et les arguments qui avaient amené le ministre à prendre cette décision (…) Que s’est-il passé pour que le ministre enfreigne comme il l’a fait le droit du travail (…) une décision grave, d’ailleurs par la suite déjugée par un autre tribunal» s’interroge Martin Malvy qui dénonce «une remise en cause du droit syndical par le ministre du travail»…
Si les Woerth & Cie pouvaient rayer tout le droit du travail et le droit syndical d’un simple trait de plume, vous pouvez être certains qu’ils le feraient illico presto !
Enfin, Martin Malvy déclare que «si ce dossier n’est pas rendu public, il faudra une enquête». Mon pauvre ami, tu rêves debout ! Ce pouvoir de m… ne connaît que le culte du secret pour pouvoir faire ses mauvais coups dans l’ombre. Il y a fort heureusement des journalistes d’investigation – cette fois, c’est Rue 89 qui s’y colle – pour traquer ce genre d’infos capitales, heureusement ensuite reprises par la presse. Qui en fait ses choux gras.
Quant à l’enquête, on l’aura dans le cul comme d’hab. Ni enquête parlementaire – les sondages de l’Elysée, le karachigate suffisent à le démontrer – ni enquête judiciaire comme le prouvent à l’envi les divers volets de l’affaire Bettencourt-Woerth : «circulez ya rien à voir» !
Encore une fois, Ségolène Royal avait bien raison d’accuser un “système Sarkozy corrompu” (Nouvel Obs du 30 juin 2010).
Mais si le diagnostic est juste, nous ne connaissons pas le remède : comment les empêcher de continuer à nuire ? Autrement dit - parce que Nicolas Sarkozy et sa bande de “barons voleurs” n’entendent rien changer d’ici à 2012 et l’on imagine aisément dans quel état seront alors la France et la grande majorité des Français - comment mettre un terme à leur bail et leur faire la belle “reconduite” avec plumes, goudron et coups de pied au cul qu’ils méritent ?