Or, la société a collaboré avec le cabinet d’avocats Mayer Brown défendant les intérêts des dirigeants de… Molex, tandis que le ministère du Travail devait intervenir sur le dossier. Voilà qui relance aussitôt les doutes autour des raisons économiques invoquées par Molex pour fermer l’entreprise. Et qui réactive la polémique autour des licenciements de 28 représentants syndicaux pour ces mêmes motifs. « Le motif économique n’est pas démontré », avait conclu en fin d’année l’inspection du travail. La direction de Molex avait alors formé un recours hiérarchique devant le ministre du Travail.
L’histoire s’enchaîne ensuite très vite. Le 22 mars, remaniement ministériel. Eric Woerth prend le portefeuille de Xavier Darcos au Travail. Deux jours après sa nomination, il donne raison à Molex en acceptant les licenciements : « Nous avions toujours soupçonné un deal entre le ministère et Molex. Ce mélange des genres stupéfiant nous conforte dans cette idée. J’espère que ça pèsera aussi lorsque je saisirai le tribunal des prud’hommes prochainement pour 200 salariés », a réagi l’avocat des salariés, Me Jean-Marc Denjean. « On se demandait pourquoi le ministre avait agi ainsi. On a peut-être là une ébauche de réponse. Cette nouvelle peut jouer aussi sur la décision du tribunal administratif au sujet des 23 délégués qui ont déposé un recours », confie Denis Parise, ancien délégué syndical chez Molex, aujourd’hui conseiller régional. « Il faut qu’une enquête soit ouverte sur cette question », a de son côté insisté Martin Malvy, président de Région. Questionné hier, le cabinet du ministre a réfuté tout soupçon, affirmant que « Eric de Sérigny n’avait rien à voir avec ce dossier ». En septembre 2009, Molex avait accepté de verser 5,4 millions d’euros pour la réindustrialisation du site, l’état garantissant 6,6 millions de prêts. Aujourd’hui, 43 salariés travaillent sur les cendres de Molex pour VMI (VilleMur Industries), société créée en septembre par le fonds d’investissement HIG avec pour objectif d’embaucher à terme les 200 ex-Molex toujours sur le carreau. « Il faudra pour cela un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros » lance Denis Parise, « Que Monsieur de Sérigny, donc, qui se retrouve aux côtés de Robert Peugeot au conseil d’administration d’Imérys, plaide auprès de lui, cette fois pour les salariés et non aux côtés d’une direction de patrons voyous… »
Source : La Depeche